L'Angola, qui espérait montrer ainsi qu'il en avait fini avec les années noires de la guerre civile, se trouve aujourd'hui affaibli. Les délégations des pays participants sont inquiètes. Leur sécurité en terre angolaise est remise en cause et ce, à la suite du mitraillage du bus de la délégation togolaise dans l'enclave de Cabinda, vendredi soir, qui a fait un mort et 9 blessés dont trois joueurs. L'attaque a été revendiquée par le Front de libération de l'enclave de Cabinda (Flec), qui milite depuis 1975 pour l'indépendance de cette bande de terre enclavée entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Congo-Brazzaville. La délégation algérienne est aussi intéressée par cette situation. Si les Verts terminent deuxième du groupe «A», ils affronteront le premier du groupe B à Cabinda justement. D'autant que «les armes vont continuer à parler» dans l'enclave angolaise de Cabinda, menace Rodrigues Mingas, responsable du groupe séparatiste qui a revendiqué l'attaque mortelle contre la délégation du Togo. Pourtant, avant le début de la compétition, le commandement général de la Police nationale angolaise a mobilisé tout son effectif pour garantir la sécurité de la Coupe d'Afrique des nations. «En principe, tous les effectifs de la Police nationale sont mobilisés pour garantir la sécurité de la CAN. Evidemment, le cham-pionnat se réalisera seulement dans quatre provinces (Luanda, Benguela, Cabinda et Huíla) et les autres régions seront en état de prévention, ceci dans la perspective de venir renforcer les effectifs des provinces qui accueilleront l'épreuve», a-t-il indiqué. Selon le commissaire Paulo de Almeda, ce renforcement sera fait en fonction de la propre situation, ou soit, des dynamiques qui surgiront. «Si la situation est un peu préoccupante, alors nous pourrions faire appel aux effectifs d'autres provinces(...)» Ensuite, il y a une formation spécifique pour la sécurité et protection des grands événements. Compte tenu de la CAN, les effectifs seront recyclés et appuyés par les appelés ´´towers´´ (personnel civil chargé de la vigilance et d'orientation de la population dans les stades), précise le comissaire Paulo de Almeda. Pourtant le bus des Togolais a bel et bien été mitraillé. Ce qui a provoqué une effroyable stupeur au sein des délégations présentes en Angola. Au centre de presse Futungo II, les journalistes de différents pays, ne discutaient que de cet attentat. Dès que l'information est tombée, vendredi dernier en fin d'après-midi, les spéculations ont commencé à propos de l'éventualité d'annuler la CAN. Seulement, le président de la Confédération africaine de football (CAF) a déclaré qu'il n'y aurait pas d'annulation de cette édition. Les autorités togolaises ne se précipitent pas. Elles ont envoyé une délégation ministérielle sur place pour une enquête. Et c'est à l'issue des observations de cette commission que le ministre de l'Administration territoriale et porte-parole du gouvernement Pascal Bodjona, annonce que «Le gouvernement togolais a décidé de rappeler son équipe. Nous ne pouvons pas continuer dans cette circonstance de drame la compétition de la CAN. Cela a été nécessaire parce que les joueurs sont sous le choc», a déclaré M.Bodjona. Mais, coup de théâtre, la majorité des joueurs togolais se sont réunis samedi soir et ont décidé de participer à cette CAN pour honorer les morts et blessés de cet attentat. Puis ce fut une autre réaction officielle du Togo: le Premier ministre Gilbert Fossoun Houngbo a assuré que l'équipe nationale de football «doit rentrer dimanche» dans son pays et quitter la Coupe d'Afrique des nations en Angola. «Si à l'ouverture de la CAN, une équipe ou quelque personne se présente sous la bannière du Togo, ce serait une fausse représentation. L'équipe doit rentrer ce jour», a déclaré M. Houngbo à la presse, à sa résidence de Lomé. Pourtant à chaud, Thomas Dossevi, l'un des joueurs togolais avait fait cette réflexion: «...On se demande pourquoi la CAN se déroule à Cabinda. Comment peut-on organiser un tournoi dans un pays en guerre?» L'attaque de ce bus a remis sur la table, en Angola, les discussions autour des revendications séparatistes de certains habitants du Cabinda. Des clubs anglais ont exigé le retour en Angleterre de leurs joueurs africains alors que Tottenham souhaite l'annulation pure et simple de la CAN. Le président du Ghana, John Atta-Mills, dont l'équipe doit également jouer ses matches au Cabinda, a réclamé de son côté hier «une sécurité renforcée» pour les joueurs participant à la CAN. Tandis que, Paul Le Guen, l'entraîneur français du Cameroun, a déclaré: «Ce qui s'est passé est problématique. Il ne faut pas que cela dégénère. Il faut que les autorités, la CAF soutenue par la FIFA, soient capables de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des équipes.» Au moment où nous mettons sous presse, la situation n'est toujours pas claire alors qu'un avion officiel togolais a quitte Lomé pour l'Angola en vue de ramener l'équipe nationale de football. Selon le règlement de la CAN, c'est l'article 84 du règlement qui sera appliqué puisqu'il prévoit qu'une équipe qui se retire «avant le début du tournoi final après avoir obtenu sa qualification est remplacée par l'équipe qui la suit dans le classement de son groupe. Sinon, le groupe auquel appartient l'équipe ayant déclaré forfait sera composé de trois équipes». Quant au président de la FAF, Mohamed Raouraoua, il assure qu'en cas de qualificaition «l'EN voyagera par avion et toutes les précautions ont été prises dans ce sens», estimant que «les Angolais sont tout à fait capables de faire en sorte qu'un tel fait ne se reproduise plus».