Le jeune passionné s'est jeté à l'eau, tout seul comme un grand. Il a écrit son scénario, rallié quelques amis à sa cause et pris sa caméra pour entamer aussitôt le tournage. Pour toute personne sensible à la cause environnementale et à celle des aigles, ce film vaut son pesant d'or. Hier soir, la salle Moufdi-Zakaria du Palais de la culture a été au rendez-vous avec l'avant-première du film documentaire intitulé Le Retour vers la nature, réalisé par l'entreprise de production cinématographique El Kawakib. Plusieurs personnalités, journalistes, ainsi que les passionnés de la nature, qui font avancer le monde, étaient présents à cette avant-première. Dans sa présentation, Rabie Rahou a insisté sur le fait que ce documentaire parle de cet aigle carkayet, mais qu'il traite également beaucoup des hommes. Son émotion, palpable, montre combien le film lui tient à coeur: c'est dans une démarche militante que le jeune réalisateur a décidé d'assurer la distribution du documentaire. Le jeune cinéaste est intelligent, il présente une ambition relative qui lui permet de maîtriser son sujet du début jusqu'à la fin. Il connaît les dangers qui guettent les premiers pas dans le métier. Et s'il y a un cinéaste qui en est la preuve vivante, c'est bien lui en déclarant que «dans ce domaine, c'est une affaire de volonté et de combativité». L'enfant secret avance telle une fourmi, se retournant sans cesse sur son chemin. «Maints réalisateurs commencent leur carrière avec un appétit démesuré et finalement se perdent en route faute d'expérience et de maîtrise suffisantes», dit-il avec lucidité. Rabie tient à rester modeste et mettre toutes les chances de son côté, sans présenter une attitude par trop imposante au regard des aléas et imprévus du domaine. Nourri aux influences de cinéastes divers comme De Palma, Pasolini...et tant d'autres, dans ses tiroirs, on trouve un foisonnement d'idées et de projets plus ou moins aboutis, dont certains attendent de voir le jour. Le film documentaire animalier, intitulé Le Retour à la nature relate les conséquences de l'évolution de l'homme qui commencent à se révéler alarmantes. Il semblerait actuellement, que cette évolution ne se soit pas faite dans le sens espéré. Car le but premier, celui d'offrir une vie plus belle et plus agréable, semble aujourd'hui loin derrière nous. L'écologie n'est pas l'affaire d'une seule personne, mais il y va de notre planète et notre survie. A force d'exploiter les ressources de la planète en créant la pollution par nos activités et nos modes de vie, facteur d'accélération de la disparition de certaines espèces, nous, les hommes, sommes en train de modifier et de menacer l'équilibre naturel mais surtout fragile de la Terre. Ce film documentaire, signé Rabie Rahou de l'entreprise de production cinématographique El Kawakib, tentera de donner une vision d'ensemble sur un sujet aux multiples composantes et incidences: écologie, biologie, développement durable, petits gestes quotidiens pour l'environnement et les activités et les bricolages autour du recyclage...C'est par la connaissance que nous nous sentirons tous concernés. D'ailleurs, ladite entreprise, à sa tête M.Mohamed Bouragaâ, n'a pas lésiné sur les moyens pour réussir ce travail inédit en faisant appel à une équipe de professionnels et en octroyant même un matériel haut de gamme destiné à ce genre de projections. Un compositeur bulgare, Sleepwalker, a été sollicité pour assurer la musique de l'oeuvre. La particularité de cette dernière est cette patience de toute l'équipe technique durant quatre mois, sur les hauteurs de Chréa, filmant un aigle carkayet, depuis sa naissance jusqu'à son envol. Rabie Rahou papillonne, expérimente et presse son imagination jusqu'à la limite du surréalisme. Sa fougue, son énergie et son enthousiasme, il ne les a pas dépensés en frappant aux portes des producteurs. Il n'a pas non plus répondu à l'appel, ô combien tentant (et lucratif!) à des films publicitaires. Le jeune passionné s'est jeté à l'eau, tout seul comme un grand. Il a écrit son scénario, rallié quelques amis à sa cause et pris sa caméra pour entamer aussitôt le tournage. Pour faire un cinéma authentique, plus dans la marge, mais sincère. Le voilà donc récoltant les fruits de sa témérité. Ce laps de temps relativement conséquent lui a permis de peaufiner son oeuvre en gommant les possibles erreurs et en pensant sa réalisation longtemps en amont. Après cette démonstration, ce jeune cinéaste s'est bâti une réputation qui attirera sûrement un public de plus en plus large. Aujourd'hui, la suite du parcours du jeune réalisateur démontre ses qualités. L'innovation visuelle qu'il propose se mêle constamment à des références. «Être artiste, c'est voir le monde et être vu par le monde», dit-il. «Observer, voir, entendre ce qui nous entoure. Emmagasiner le plus d'émotions. Les vraies. Les dures, comme les bonnes. Vivre et sentir. Et en sortir une oeuvre. Une oeuvre personnelle, subjective, intéressante, parce qu'elle est le résultat d'un travail intime et profond d'un homme», a-t-il conclu.