En contrepartie, l'organisation terroriste exige la libération de quatre de ses éléments détenus au Mali, un Algérien, un Burkinabé et deux Mauritaniens. La branche d'Al Qaîda au Maghreb hausse le ton. L'organisation terroriste fixe un ultimatum avant de passer à l'acte. Al Qaîda menace d'exécuter un otage français enlevé fin novembre dans le nord désertique du Mali. Contre la vie sauve, Al Qaîda exige, ni plus ni moins, la libération d'ici le 30 janvier de quatre de ses combattants détenus au Mali. «Aqmi demande aussi une rançon, beaucoup d'argent, pour libérer l'otage de la France. Ils (terroristes) demandent ça en plus de la libération de leurs quatre prisonniers au Mali», a déclaré une source proche des intermédiaires négociant la libération du Français. Le montant n'a pas été précisé. «Le groupe a donné aux gouvernements français et malien un délai de 20 jours pour relâcher les quatre prisonniers d'Aqmi (Al Qaîda au Maghreb islamique) au Mali, sans quoi (Pierre) Camatte sera exécuté», indique le centre américain de surveillance des sites islamistes. Les quatre terroristes, dont est réclamée la libération, seraient un Algérien, un Burkinabé et deux Mauritaniens, arrêtés au cours d'une opération de ratissage dans le nord du Mali. Les quatre individus sont identifiés comme appartenant au groupe d'Abou Zahid, l'un des chefs émirs de l'organisation, basé dans la zone frontalière avec le Sahel. Aqmi a revendiqué en décembre l'enlèvement de Pierre Camatte, 61 ans et président de l'«Association Gérardmer-Tidarmene», enlevé en novembre 2009, de même que les trois volontaires humanitaires espagnols enlevés quatre jours plus tard en Mauritanie, pays frontalier du Mali. L'otage français est détenu par un groupe dirigé par l'Algérien Abdelhamid Abou Zeïd, l'un des émirs les plus radicaux d'Aqmi et auteur de l'assassinat d'un otage britannique, selon des sources. Les trois Espagnols sont entre les mains de l'Algérien Mokhtar Benmokhtar, alias Belawar. Il serait réfugié dans des grottes dans une zone désertique malienne, non loin de la frontière algérienne. Le couple italien serait, quant à lui, détenu par Abou Yaya Amane, un lieutenant de Abou Zeïd, voulant marquer son propre territoire. Les menaces d'Al Qaîda sont prises au sérieux d'autant que, début juin 2009, Aqmi avait annoncé avoir tué, pour la première fois, un otage occidental, le touriste britannique Edwin Dyer qu'elle détenait depuis janvier, Londres ayant refusé de céder au chantage des combattants islamistes. D'ailleurs, Al Qaîda a appelé dans son communiqué «l'opinion publique française et à la famille de l'otage pour qu'elles fassent pression sur le gouvernement du président Nicolas Sarkozy et l'empêchent de commettre la même folie que le Premier ministre britannique, Gordon Brown, concernant son citoyen britannique». En outre elles interviennent quelques jours après l'attentat manqué, le 27 décembre 2009, contre un avion américain par le Nigérian, Umar Farouk Abdulmutallab. La menace est également prise au sérieux en Italie. Le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, est arrivé hier en Mauritanie dans le cadre d'une tournée africaine. La coopération antiterroriste sera largement discutée. «Naturellement, le ministre discutera avec les autorités en Mauritanie de la question des otages», a précisé son porte-parole. Le Mali et la France sont entre le marteau et l'enclume. La situation est assez délicate. L'erreur n'est plus permise. Accepter de libérer les terroristes ou sacrifier l'otage? Tel est le dilemme auquel est confronté le gouvernement malien. Va-t-il céder aux terroristes ou aux pressions de la France? Dans les deux cas de figure, il y va de la vie des otages.