L'otage français, enlevé au Mali par Al Qaîda le 26 novembre 2009, pourrait être exécuté aujourd'hui si une rançon n'est pas versée. Toute la France retient son souffle. Théorique-ment, l'ultimatum fixé par les ravisseurs du ressortissant français, Pierre Camette, enlevé dans la région nord du Mali de son hôtel en pleine nuit expire aujourd'hui. Si les doléances des ravisseurs ne sont pas satisfaites, la vie de Pierre Camette ne tiendrait plus qu'à un fil. En effet, les éléments de Aqmi avaient lancé le 10 janvier un ultimatum de 20 jours pour le versement d'une rançon et la libération de leurs camarades détenus par les autorités maliennes et mauritaniennes. Le gouvernement français qui a refusé jusqu'ici toute idée de pourparlers avec Al Qaîda au Maghreb se doit aujourd'hui de réagir en extrême urgence, si l'on se fie au contenu de l'ultimatum dans lequel les ravisseurs menacent d'exécuter l'otage si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Pour rappel, Al Qaîda avait posé deux conditions à la libération de l'otage: l'élargissement de quatre de ses membres dont un Algérien détenus au Mali et le paiement d'une rançon dont le montant n'a pas été précisé. Dans une déclaration à la presse, le chef de l'Etat français avait affirmé à propos de l'enlèvement de Pierre Camette: «J'en fais une affaire personnelle». Depuis, les services de renseignements français ont été mobilisés et chargés d'effectuer de nombreuses missions d'approche auprès des populations des zones où l'otage serait toujours gardé. Cette démarche n'avait pas trop plu aux autorités maliennes qui l'ont considérée comme une ingérence. Certes, cet incident a été étouffé par les deux parties afin de préserver la collaboration dans le but de sauver la vie de l'otage âgé de 61 ans. En coulisses, les choses sont plus compliquées. Du côté français, on aurait tenté d'exercer une grande pression sur les autorités maliennes afin qu'elles répondent à l'exigence d'Al Qaîda de procéder à la libération des quatre prisonniers. De leur côté, les Maliens qui semblent ne pas trop croire à l'hypothèse d'Al Qaîda et qui estiment que l'enlèvement est le fait de «bandits», auraient demandé aux Français de répondre à la deuxième exigence des ravisseurs et de payer la rançon. Pour le moment, tout le monde est dans l'expectative et personne ne sait encore si les parties française et malienne ont réussi à accorder leurs violons. Au Quai d'Orsay, c'est un «no comment». Paris veut d'abord être sûr que l'otage est toujours en vie. Pendant ce temps, Al Qaîda au Maghreb islamique semble mener le jeu. Ira-t-elle jusqu'à mettre ses menaces à exécution dans le cas où les Français ne payaient pas la rançon? Oui, sauf si c'est Mokhtar Ben Mokhtar qui tient les choses en main. Car cet ex-émir du Gspc, et contrairement aux autres chefs extrémistes, est un redoutable négociateur qui a le sens des affaires. Il n'est donc pas écarté que l'ultimatum sera prolongé. Ce qui laisse le temps aux différentes parties, surtout celles de l'ombre, engagées dans les pourparlers, à réunir la somme d'argent exigée et à la faire parvenir aux ravisseurs. En aucun cas la France ne voudrait paraître aux yeux du monde comme s'étant pliée aux exigences des terroristes. En même temps, il s'agit de sauver la vie d'un ressortissant français. Devant ce dilemme, tout porte à croire que la rançon sera payée. Comment et à travers quel réseau? Ce sera un dossier sans fond à verser dans les archives des affaires scandaleuses du terrorisme et services de renseignements occidentaux dont le jeu est toujours flou et opaque par rapport à cette question. L'Aqmi retient en outre l'Italien Sergio Cicala et son épouse Philomène Kabouree, ainsi que trois volontaires humanitaires espagnols: Roque Pascual, Albert Vilalta et Alicia Gamez.