Quelque 70% des victimes (1 681) ont péri dans des attentats, attaques et assassinats perpétrés par les insurgés, selon l'ONU, soit une hausse de 45% par rapport à 2008. Le bilan des civils tués en 2009 a été le plus lourd en 8 ans de guerre en Afghanistan, avec plus de 2400 morts et un bond de 14% par rapport à 2008, les insurgés tuant trois fois plus d'habitants que les forces internationales et afghanes, selon un rapport livré hier par l'ONU. «L'année 2009 a été la pire année pour les civils touchés par ce conflit armé. La mission de l'ONU en Afghanistan a enregistré le plus grand nombre de victimes civiles depuis la chute du régime des taliban en 2001», assure la représentation de l'ONU en Afghanistan (Unama) dans un rapport. Selon cette étude, 2.412 civils ont été tués entre le 1er janvier et le 31 décembre 2009, soit une hausse de 14% par rapport à 2008 (2.118 morts). L'année 2008 avait déjà été marquée par une hausse brutale de 40% du nombre de civils tués par rapport à 2007. Quelque 70% des victimes (1.681) ont péri dans des attentats, attaques et assassinats perpétrés par les insurgés, selon l'ONU, soit une hausse de 45% par rapport à 2008 quand un peu plus de la moitié des civils tués avaient péri de la main des «éléments antigouvernementaux». «Les morts résultant des activités des insurgés sont trois fois plus importantes que celles causées par les forces pro-gouvernementales» en 2009, affirme l'ONU. En revanche, un quart des pertes civiles en 2009 sont dues aux opérations des forces afghanes et aux soldats étrangers (596), soit une baisse de 28% par rapport à l'année précédente selon l'Unama. Le 7 janvier, les taliban avaient rejeté l'affirmation du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, selon laquelle les insurgés avaient tué trois fois plus de civils que les forces étrangères et afghanes. Le secrétaire général de l'ONU «foule aux pieds» les principes de neutralité de l'ONU, avaient déclaré les taliban affirmant au contraire que les forces internationales étaient les principaux responsables des pertes civiles. Critiqué par le gouvernement afghan pour tuer parfois sans discernement taliban et simples habitants, Washington avait assuré récemment que la réduction du nombre de victimes civiles, notamment lors des bombardements de positions rebelles dans des villages, était «une priorité» des troupes occidentales. «Le recours à des frappes aériennes et le fait que les installations militaires (de l'Otan) soient situées dans des zones civiles augmentent fortement le risque de voir des civils tués ou blessés», déplore cependant l'ONU. Par ailleurs, 135 Afghans ont été tués par d'«autres acteurs» qui n'ont pas pu être identifiés (insurgés, armée, police), selon l'Unama. Les bombes artisanales et les attentats suicide - les deux modes opératoires favoris des taliban - sont la première cause de mortalité parmi les civils (44%) même si elles ne les visent pas directement mais ciblent le plus souvent les soldats étrangers ou afghans, ou des bâtiments officiels. L'ONU souligne enfin que ces chiffres sont incomplets compte tenu des difficultés à rassembler les informations dans un pays en guerre et qu'ils sont donc a priori sous-estimés. Depuis trois ans, la rébellion menée par les taliban a gagné du terrain en dépit de l'augmentation régulière du nombre de soldats étrangers en huit ans, qui atteint aujourd'hui 113.000, dont environ 71.000 Américains. 2010 sera marquée par l'arrivée programmée de quelque 40.000 renforts, essentiellement américains. De son côté, l'armée américaine a vu le nombre de ses soldats tués doubler en 2009 (317 morts) par rapport à 2008 (155 morts).