Content que l'Algérie rencontre la Côte d'Ivoire au lieu du Ghana, l'ex-entraîneur de la sélection nationale, Abderrahmane Mehdaoui, explique le pourquoi aux lecteurs de L'Expression, sans oublier d'évoquer les atouts des Verts pour ce match contre les Eléphants de la Côte d'Ivoire et leur «star» Didier Drogba. L'Expression: Quelles sont vos premières impressions pour ce quart de finale Algérie-Côte d'Ivoire? A. Mehdaoui: Ce n'est pas du tout une surprise d'autant qu'on s'attendait à l'éventualité d'affronter la Côte d'Ivoire en quarts de finale. Je suis très content que ce soit la Côte d'Ivoire, son «étoile filante» Drogba, qui est notre adversaire dans ce tour. La qualité de jeu des Ivoiriens et leur manière de jouer conviennent bien à notre Equipe nationale. J'estime qu'avoir comme adversaire la Côte d'Ivoire est mieux que de tomber sur cette équipe du Ghana très redoutable. La Côte d'Ivoire est plus abordable pour nos joueurs que le Ghana. Quelles sont les raisons qui vous poussent à dire cela? On se connaît bien la Côte d'Ivoire et nous. Son football s'apparente au nôtre. On connaît les Ivoiriens mieux que les Ghanéens. On appréhende donc mieux la Côte d'Ivoire que le Ghana. Nos connaissances du football ivoirien, contrairement à celui des Ghanéens, nous permettent d'être plus à l'aise. J'estime que les Ivoiriens sont plus prenables. Je suis persuadé que cette catégorie de joueurs que possède l'Algérie permet d'être optimiste. Car ce sont des joueurs qui ont osé et qui impressionnent de plus en plus avec leur détermination et leur volonté de bien faire. On a d'ailleurs, l'impression, parfois, qu'ils sont capables de bouleverser la hiérarchie. Et puis, eux-mêmes se disent contents d'avoir comme prochain adversaire la Côte d'Ivoire de Drogba... C'est donc tant mieux puisqu'ils connaissent bien le jeu des Ivoiriens et ils savent qu'ils sont prenables. C'est une bonne équipe avec son meneur de jeu, Drogba et les autres, non moins valeureux, mais il leur manque ce travail collectif. Et c'est ce que nos joueurs comptent certainement exploiter. Avec une bonne circulation de balle et l'application stricte des consignes, nos joueurs pourront bien sortir vainqueurs. Ce que je craignais le plus, c'était d'être éliminés dès le premier tour. Car, à cette étape, j'ai bien confiance en les capacités des nôtres qui savent bien se transcender face à des équipes censées être difficiles à manier. Passé ce tour, je suis plus confiant avec nos joueurs. Et pourquoi une telle confiance alors qu'après le match perdu face au Malawi, c'était plutôt le pessimisme régnant? A ce stade de la compétition, toutes les équipes se valent. La période d'adaptation est terminée pour toutes les formations et elles se présenteront toutes à 100% de leurs capacités et surtout sans calculs. Notre équipe a évolué et a bien compris ses erreurs et elle en d'ailleurs rectifié certaines face au Mali. Les joueurs ont donc appris à jouer en bloc et à s'entraider. Nous allons sûrement assister à un football beaucoup plus offensif et déterminé. Justement, notre point faible demeure l'attaque qui n'a inscrit qu'un seul but depuis le début de la compétition. Qu'en pensez-vous? Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent qu'on a une mauvaise attaque. Car, nous sommes dans le football moderne. Dans une situation défensive, tout le monde défend et c'est donc un travail de groupe. Quand on est dans une situation offensive, tous les attaquants sont bien surveillés et ils sont donc bloqués dans leur évolution et c'est là que l'on, compte sur les autres joueurs et notamment ceux du milieu et les latéraux. C'est le soutien qu'on ne demande pas à la défense. C'est donc aussi un travail collectif en quelque sorte où tout le monde se met à l'entraide et pour le travail en groupe. D'ailleurs ce problème de manque d'efficacité offensive, n'est pas le point négatif des seuls Algériens, il est propre à toutes les équipes qui n'ont pas trouvé cette perle rare. Il est vrai que nos joueurs ratent des occasions au niveau des 18 mètres. Ils ratent leurs actions et cela suppose une qualité technique individuelle perfectionnée. Et le joueur possédant cette qualité ne court pas les rues. C'est une denrée rare. Toutes les équipes cherchent ce joueur capable de maîtrise à l'approche des buts; dribbleur et qui effectue les gestes techniques qu'il faut au moment où il faut. On ne trouve pas les Messi, Drogba, Bagayoko et autres, à chaque coin de rue. Et quelles sont donc les solutions à cette tare généralisée? Eh bien, c'est simple, en dehors des attaquants de pointe très surveillés, on attend les réactions des latéraux et des joueurs du milieu de terrain pour déséquilibrer l'adversaire et le bousculer en attaque. Ce travail d'aide et de soutien est très important dans les matchs classiques et surtout déterminant où le jeu est plus tactique et technique. D'où la recherche des joueurs à ces postes, possédant cette complémentarité tant demandée dans le football moderne. Quelles sont vos impressions sur la défense algérienne qui aura sûrement beaucoup à faire, face aux Ivoiriens? J'estime que le groupe se consolide davantage. Il commence à trouver son meilleur équilibre et cette complémentarité voulue. Le comportement des joueurs est meilleur puisqu'on remarque que tout le monde défend. On a bien vu, contre le Mali, par exemple, un Bezzaz et un Bouazza ainsi qu'un Matmour, venir en aide en défendant. De plus, la paire Ghezzal - Ziani est aussi là pour aider. Quant à Yebda et Mansouri, c'est juste du 50/50. A l'exception de Belhadj, qui a le caractère plutôt offensif, tous les autres Halliche, Bougherra et Laïfaoui sont très bien dans leur poste et défendent bien leur périmètre. C'est rassurant. On remarque une bonne répartition des tâches et donc une bonne couverture des espaces. C'est le réflexe collectif qui donne ce bloc compact difficile à franchir. Il y a aussi cette alternance couverture-marquage strict qui est remarquable chez les nôtres. C'est réconfortant. Vous êtes donc optimiste apparemment pour ce match contre la Côte d'Ivoire? Oui, certainement. Je suis persuadé qu'on pourrait bien se qualifier aux demi-finales. Nous avons été bousculés par les Malawites qui nous ont secoués. Les joueurs ont repris confiance, et ils retrouvent également cet équilibre mental qui leur permet de ne craindre aucune équipe. C'est très important d'avoir cette confiance. Les joueurs ont donc bien conscience de leur potentiel et ils tentent de l'exploiter à fond. Ça ne peut laisser qu'optimiste pour la suite de la compétition. Cet esprit de solidarité, cette entraide entre les joueurs dans les différents compartiments, cette hargne et ce désir de gagner, peuvent valoir à nos joueurs une qualification en finale voire de remporter ce trophée africain. Je suis très confiant.