Les cours de l'or noir sont repassés sous la barre des 75 dollars. Vendredi à New York, le baril de «Light Sweet Crude» a clôturé la semaine à 74,54 dollars. Le marché pétrolier a-t-il été affecté par les déclarations du président américain qui compte imposer de nouvelles règles aux banques? Barack Obama veut frapper fort. Au coeur même de Wall Street. Au lendemain de la perte de sa majorité qualifiée au Sénat, après la victoire du candidat républicain au poste demeuré vacant dans le Massachusetts, suite à la disparition de Ted Kennedy, le président américain ne s'avoue pas vaincu. Il espère rebondir à travers des mesures qui consistent à interdire aux établissements financiers d'entretenir, de détenir ou de favoriser des fonds spéculatifs. Les banques collectant des dépôts seront interdites de spéculer sur les marchés pour leur propre compte. «Nous devons mettre en oeuvre des mesures de bon sens qui vont protéger les contribuables américains et l'économie américaine des crises futures», a déclaré jeudi devant les médias le chef de la Maison-Blanche qui a sans doute vécu comme un revers personnel la défaite démocrate dans un fief jugé imprenable. Il a affiché sa détermination, sur un ton populiste, de mettre en oeuvre son projet, quoi qu'il en coûte. «Si ces gens veulent la bagarre, c'est un combat que je suis prêt à avoir», a-t-il averti. Les banques ne sont pas restées de marbre face à ce qui ressemble à une offensive guerrière contre le système financier. Wall Street n'a guère apprécié. Les banques américaines les plus en vue ont lourdement chuté après les déclarations de Barack Obama. Goldman Sachs et Morgan Stanley de plus de 4%. City Group de 5,5%, Bank of America de 6,2% tandis que JPMorgan plongeait de 6,59%. Les valeurs liées au secteur du pétrole n'en sont pas sorties indemnes elles aussi. A titre d'exemple, le titre de Total a reculé de 1,47%. L'intervention du président américain a-t-elle perturbé le marché pétrolier? «Il y a un risque que cela affecte les échanges effectués par les banques», a estimé Jason Schenker de Prestige Economics. D'après les analystes, cette nouvelle déprime des prix du pétrole est beaucoup plus sérieuse. Elle est liée au déséquilibre entre l'offre et la demande. Mais pas uniquement. «Plusieurs facteurs font baisser ce marché. La situation de l'offre et de la demande en est l'exemple le plus fondamental, et à cela s'ajoute ce que le marché considère comme des changements de régulation effrayants», a souligné Jason Schenker. Le rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie, qui a fait apparaître une baisse de 400.000 barils des stocks de brut la semaine dernière, a fait, par ailleurs, mention d'une augmentation de l'ordre de 3,9 millions de barils des réserves d'essence aux Etats-Unis. Les produits distillés (fioul de chauffage et gazole) ont baissé de 3,3 millions de barils. Leur niveau est jugé toutefois supérieur à celui de l'année dernière. Les cours de l'or noir ont en outre, subi le contrecoup du redoux, les températures polaires ont cédé la place à des températures printanières, et des inquiétudes quant à la robustesse de la reprise économique. Cette dernière pourrait avoir comme locomotive, pour être relancée, les pays émergents tels que la Chine qui a affiché une croissance de 10,7% au quatrième trimestre 2009. Cependant, le pays des Dragons, qui pourrait durcir sa politique monétaire afin d'éviter une surchauffe de son économie, contribue à sa manière au repli des prix du baril de pétrole. Et ce n'est certainement pas l'économie américaine qui, pour le moment, pourrait être d'un quelconque secours. La demande est en recul aux Etats-Unis. La consommation des produits pétroliers des Américains s'est élevée à 18,8 millions de barils par jour le mois dernier. Soit 1,8% de moins que pour la même période l'an passé. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui n'a prévu qu'une très timide reprise de la demande mondiale de brut en 2010, +0,98%, considère le marché pétrolier toujours aussi fragile et a mis en garde contre un éventuel effondrement des prix. L'Opep a fixé la date de sa prochaine réunion au 17 mars 2010.