Selon des analystes, «si l'Opep ne procède pas à une baisse importante, le marché va avoir des problèmes». Après le rebondissement observé lundi, les cours du pétrole ont affiché, hier, une relative stabilité. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier, valait 43,05 dollars, en hausse de 37 cents par rapport à la clôture de vendredi soir. A New York, le baril de «Light sweet crude» pour la même échéance cédait 15 cents et s'échangeait à 43,56 dollars. Les cours du pétrole se consolidaient hier au lendemain d'un vigoureux mouvement de rebond: ils ont repris lundi 2,90 dollars à New York et 3,68 dollars à Londres. Selon les analystes du cabinet indépendant John Hall, «les prix du pétrole ont grimpé en parallèle avec les Bourses», soutenus par la perspective d'une relance vigoureuse de l'économie américaine par la nouvelle administration. «La possibilité que l'Opep réduise davantage sa production lors de sa réunion à Oran, a contribué à soutenir les cours», ont-ils ajouté. Hier, le chef de la délégation libyenne, Choukri Ghanem, a déclaré que l'Opep devrait procéder à une baisse «substantielle» de son offre le 17 décembre à Oran et appelé à «résorber les déséquilibres du marché». Il faut dire que les projecteurs demeurent braqués sur la réunion extraordinaire d'Oran. «Le pétrole est engagé dans un compte à rebours avant l'Opep désormais et tout le monde s'attend à ce que le cartel se mette d'accord sur des mesures fortes, probablement une baisse de 1 à 1,5 million de barils par jour», commente Rob Laughlin, analyste pétrole à MF Global à Londres. «Si l'Opep ne procède pas à une baisse importante, ce marché va avoir des problèmes», ajoute-t-il. Par ailleurs, la position de la Libye est soutenue par le président équatorien, Rafael Correa, qui se dit favorable à un sommet de l'Opep pour stopper la chute des cours du pétrole. «Tout comme le prix de 140 dollars le baril était artificiel, les prix actuels le sont aussi (...) si le problème n'est pas réglé lors de la prochaine réunion de l'Opep, l'Equateur est décidé à réunir un sommet des chefs d'Etat pour empêcher la chute des prix», a déclaré avant-hier le président Correa, lors de sa visite officielle en Iran. Vendredi, les cours du pétrole avaient atteint leurs niveaux les plus bas depuis près de quatre ans. A Londres, le baril est tombé sous la barre des 40 dollars, à 39,35 dollars et, à New York, il est descendu jusqu'à 40,81 dollars. Depuis leur record historique de l'été dernier à 147,50 dollars, les prix ont fondu de plus de 70%. Selon la banque américaine Merrill Lynch, «le pétrole pourrait atteindre le seuil des 30 dollars». Dans une étude publiée la semaine dernière, cette banque estime qu'un tel scénario est prévisible au cas où «la récession mondiale affectait la Chine et l'Opep échouait à réduire suffisamment sa production». Deux éléments, on ne peut plus fondamentaux, qui pourraient déterminer les cours de l'or noir sur les marchés internationaux. Il faut savoir que la Chine, deuxième importateur de pétrole derrière les Etats-Unis, soutient actuellement la demande mondiale. Cependant, la révision à la baisse de la croissance chinoise pourrait donner un sérieux coup à la demande en produits pétroliers. Pour Merill Lynch, il ne faut pas s'attendre à ce que les prix de l'or noir connaissent un véritable rebondissement en 2009, notamment après que l'Opep, qui a réduit sa production, eut échoué à freiner la chute des cours du pétrole. Le miracle ne risque pas de se produire, en outre, au vu de l'offre qui dépasse largement la demande. «A court terme, les acteurs du marché vont se concentrer sur les réponses de l'Opep pour équilibrer le marché, et éventuellement même sur celles de producteurs extérieurs au cartel», indique la banque. Un autre élément, enfin, susceptible de déterminer les cours du pétrole, ce sont les projections du département américain de l'Energie concernant la demande. Mais ces prévisions auront-elles un poids réel sur les marchés pétroliers qui jouent au yo-yo?