Si la stabilisation du Yémen est un enjeu prioritaire pour l'administration Obama, c'est aussi parce que c'est de ce pays que sont issus près de la moitié des détenus du camp de Guantanamo. L'administration de Barack Obama cherchera, demain à Londres, à obtenir des soutiens pour sa stratégie au Yémen, l'un des fronts de la lutte des Etats-Unis contre l'extrémisme islamiste. Le président américain n'a pas attendu l'attentat manqué du 25 décembre contre un avion de ligne américain pour faire part de sa préoccupation. Après l'Irak et l'Afghanistan, des Etats en quasi faillite tels que le Yémen ou la Somalie peuvent devenir des bases majeures pour le réseau Al Qaîda et ses composantes régionales, rappelle-t-il depuis des mois. Si la stabilisation du Yémen est un enjeu prioritaire pour l'administration, c'est aussi parce que c'est de ce pays que sont issus près de la moitié des détenus du camp de Guantanamo. L'attaque manquée du jour de Noël, perpétrée par un jeune Nigérian qui aurait été formé et armé par la branche basée au Yémen «Al Qaîda dans la Péninsule arabique» (Aqpa), n'a fait que renforcer la détermination de Washington. Les Etats-Unis contribuent depuis 2006 à équiper l'armée du plus pauvre des pays arabes, qui est de surcroît en proie à une rébellion chiite au Nord et à une tentative de sécession au Sud. Les deux pays partagent des renseignements, et les Etats-Unis sont largement soupçonnés d'avoir aidé les forces yéménites à mener des frappes contre des cibles d'Al Qaîda ces dernières semaines. Washington est satisfait de cette coopération militaire, mais doute assez ouvertement de la capacité du gouvernement yéménite à stabiliser la situation politique et économique. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui devrait participer à la réunion convoquée par le Premier ministre britannique Gordon Brown, a reçu le 21 janvier son homologue yéménite, Abou Bakr Abdallah al-Kourbi. «Nous voyons l'effort antiterroriste produire des résultats, et nous voulons voir les mêmes résultats en matière de développement», a-t-elle déclaré lors de leur point de presse conjoint. «Le Yémen a lancé des programmes de développement ces trois dernières années et entrepris des réformes plutôt courageuses», a répliqué le ministre yéménite: «l'absence de résultats tient à ce que le Yémen n'a pas les ressources nécessaires pour mettre en oeuvre ces réformes». Pour la diplomatie américaine, le Yémen doit améliorer sa gouvernance pour convaincre les pays donateurs de distribuer l'ensemble des 4,7 milliards de dollars sur lesquels ils s'étaient engagés lors d'une précédente conférence en 2006, déjà à Londres. La réunion de demain à Londres «ne sera pas une conférence de donateurs en tant que telle», a indiqué Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat. Washington veillera cependant cette fois à «faire en sorte que l'aide soit un peu accélérée dans les domaines les plus urgents». Selon Marisa Porges, une ancienne conseillère du gouvernement américain en antiterrorisme, l'objectif de la conférence sera à la fois «d'arriver à une vision commune» au sein de la communauté internationale sur ce qu'il faut faire pour stabiliser le Yémen, et de «faire pression sur les dirigeants yéménites pour qu'ils se montrent à la hauteur des attentes». «Nous avons des attentes, et nous avons le droit de travailler avec le gouvernement du Yémen puisque nous apportons une aide, parce que nous voulons que cette aide bénéficie au peuple du Yémen», avait insisté le 21 janvier Hillary Clinton, sur un ton inhabituellement ferme dans une conférence de presse. En amont de la rencontre londonienne, Washington a classé Aqpa le 19 janvier parmi les «organisations terroristes étrangères», ouvrant la voie à des mesures juridiques et financières contre ce groupe.