«Les jardins andalous n'ont pas encore livré tous les secrets de leur splendeur», a estimé samedi à Oran, le conservateur du Jardin botanique de l'université de Grenade (Espagne), M.José Tito Rojo. Selon cet expert en biologie végétale, qui a animé une conférence à l'Institut Cervantès, nombre de recherches historiques et scientifiques continuent d'être menées pour mieux connaître les techniques adoptées pour la création de ces espaces, donnant à chaque fois des résultats «très surprenants». M.José Tito Rojo a fait savoir, dans ce cadre, que son équipe de chercheurs a réussi, en analysant le sol de certains jardins disparus, à mettre en évidence plusieurs types d'essences végétales utilisées à l'époque arabo-musulmane (711-1492). Ces travaux ont permis d'identifier les pollens correspondant aux espèces en question, «laissant perplexe plus d'un chercheur sachant que certaines essences ne furent véritablement connues qu'après la découverte de l'Amérique». A ce titre, l'expert espagnol a, notamment cité la myrtus baetica latifolia domestica qui fut utilisée pour ornementer les jardins andalous (par des bancs de myrte). En plus de l'aspect biologique, d'autres études ont été également consacrées à «ces lieux de contemplation et de paix», basées sur des documents de la littérature arabo-andalouse. M.José Tito Rojo a précisé, dans ce contexte, que l'analyse des textes de poésie ou d'agronomie signés par des auteurs arabes, a mis en évidence l'importance des avancées enregistrées à l'époque. «Pendant longtemps, on a cru que les jets d'eau n'existaient pas dans l'art andalou, or les sources littéraires ont prouvé le contraire», a-t-il indiqué à titre d'exemple. Après avoir rappelé que la cour d'orangers de la mosquée de Cordoue est le plus ancien site encore entièrement conservé, le conférencier a développé les caractéristiques des jardins andalous. Il a fait observer que dans la plupart des cas, ceux-ci comportent un bassin central bordé de deux bandes végétales (cas de l'Alhambra), avec plusieurs variantes pour les arbres ornementaux tel le cyprès, ainsi que la présence d'espèces animales comme la tortue, le canard, le poisson et le lapin. «La bonne connaissance de l'évolution de ces milieux doit susciter davantage l'intérêt des historiens et des scientifiques, compte tenu de la disparition d'une bonne partie de ces ornements et des éléments rajoutés ou modifiés par les occupants chrétiens», a suggéré M.José Tito Rojo. De nombreux sites botaniques, encore célèbres aujourd'hui, ont été réalisés durant la présence arabo-musulmane en Andalousie (711-1492). Plusieurs d'entre eux sont classés patrimoine mondial de l'Unesco, à l'image de ceux de l'Alhambra (El Hamra) et du Generalife (Janat Al Arif) à Grenade (Gharnata).