Voici une réflexion qui vient du coeur, - oui du coeur. Dans toutes les rencontres de jeu, il y a toujours un vainqueur et un perdant, et le règlement de l'Ecole du sport, tout naturellement, l'ordonne, l'exige et dans l'action et dans le résultat. L'intérêt de toute rencontre sportive est précisément dans le résultat du duel que se livrent les antagonistes en présence. Ici et là, chacun cherche sa gloire, et cette gloire ne pourrait être significative et belle qu'après une haute lutte, sans doute difficile, dure, à l'issue incertaine; et c'est cela le sel de la compétition, - mais sans haine et sans mépris. C'est ce qui sauvegarde la dignité humaine; et c'est ce qu'on appelle aussi «l'esprit sportif». Ainsi, l'enjeu sportif est l'élévation de l'humain: corps, âme et esprit. Un match de football reste et doit rester un match de football. Rien d'autre. Mais certes, il est également vrai que, tous les sportifs de haut niveau vous le diront, tous les pédagogues le savent, le sport est une école, une grande école où l'on enseigne l'éducation morale en disciplinant la volonté et en provoquant la prise de conscience de l'autre et de soi. Cependant, s'il n'est pas de jeu innocent, en raison justement de l'enjeu et de la nature humaine, il est des conduites vertueuses qui ramènent au respect du jeu honnête. Accrédité d'un pouvoir illimité, considéré comme le plus vertueux des vertueux, l'arbitre est, dans l'espace de jeu, non pas le chef d'orchestre d'un spectacle, mais le petit dieu régnant: il peut tout, il est capable de tout, faire vivre un match ou le tuer. Le jugement d'un seul, dit le sage, n'est pas la loi de tous, tant il est patent que la tricherie et la mauvaise foi ne sont pas forcément là où elles sont habituellement. On a vu dans le match de football de ce quart de finale de la CAN 2010, Egypte-Algérie, combien la vanité de la vengeance pouvait tromper l'intelligence et donc aveulir les petits dieux. Que s'est-il passé? Deux équipes nationales de football, toutes les deux ardentes, toutes les deux respectables, toutes les deux sur leurs gardes, toutes les deux tremblantes pour leur prestige et leur gloire. Chacune d'elles a un rêve. Dans le monde moderne, un match de football peut chauffer les esprits, déséquilibrer les consciences. Qui ne savait que la rencontre Egypte-Algérie allait être explosive? Au stade de Benguela, un arbitre froid se saisit du jeu, les Fennecs et les Pharaons se mesurent, s'observent: les Algériens évaluent leurs adversaires. Les Pharaons ne sont pas inertes. Les deux équipes, tour à tour, dominent, inquiètent, échouent devant les bois sacrés des gardiens de but. L'Algérien Halliche commet une erreur, l'Egyptien Motaâb récupère le ballon et fonce vers la cage de l'Algérien Chaouchi. Halliche fauche l'Egyptien. M.Koffi Codjia du Benin siffle le début du naufrage de l'équipe nationale algérienne... Halliche est exclu du terrain (2e avertissement, et c'est celui-là même qui avait été caillassé avec son équipe au Caire). Un tir douteux de pénalty est accordé aux Pharaons (39e). Le découragement envahit notre équipe. À la reprise, le moral des Fennecs est encore ébranlé par les inepties de l'arbitre (il expulse Nadir Belhadj à la 70e et Chaouchi à la 90e), et la hardiesse et le savoir-faire (tout le savoir-faire) des Egyptiens libérés assurent le reste. Les Pharaons, Mohamed Zidan (65e), Abdelshafi (81e) et Gedo (90e) donnent à afficher au tableau final de 4 buts en faveur de leur équipe nationale contre zéro pour la nôtre. (Pour plus de données techniques, lire les articles des confrères spécialisés de L'Expression). Il reste évident qu'à partir du pénalty, notre équipe nationale n'avait plus aucun pouvoir. On peut discuter du hasard, du manque de chance, de la fatigue, de la pression, de... de... de... Jouer au football, à ce niveau, est une profession difficile, qui requiert des aptitudes, des conditions, une formation, un suivi,... la liste est longue, à laquelle il faut ajouter une éducation complète de base et un esprit cultivé. Mais enfin, perdre un match dans un cas pareil, décidé par un arbitre au mieux incompétent - et ce ne serait pas sa faute alors -, programmé par la monstrueuse vésanie d'une totale déraison, née au Caire, et aux allures ennemies, on constate que la jalousie et l'ambition mènent aux plus grands drames. Pourtant, notre équipe est sortie la tête haute, malgré tout: elle existe maintenant entière autour de son guide, le vieux sage de chez nous, Rabah Saâdane. Elle est belle, elle est jeune, elle est vivace, elle a du cran! Elle a construit sa personnalité. «Nous sommes tous derrière elle, pour le meilleur ou pour le pire, comme s'écrie le jeune Islem, et ses promesses sont certaines!» Comme le Mondial 2010 n'est pas loin, l'expérience de la CAN 2010 est maintenant une riche expérience pour nous tous, et nous avons gagné une équipe. J'aime répéter cette réflexion d'un grand pédagogue: «Qui a joué a juré», et avec tous les jeunes, clamons «One two three, Viva l'Algérie!»