«Hébron, architecture et identité d'un peuple», est le nom de cette exposition qui se tient actuellement à l'Institut Cervantès d'Alger et ce, jusqu'à la fin du mois de février. Elle est organisée par Casa Arabe et par l'Agence espagnole de coopération internationale au développement. L'expo dévoile le processus de récupération du centre historique d'Hébron, en Palestine, qui date du Ve et VIe siècles. Cette opération de réhabilitation s'inscrit dans le cadre du programme «Patrimoine pour le développement», financé par Madrid, lequel est constitué de plusieurs autres projets de réhabilitation urbaine en Afrique du Nord et en Amérique latine. Ce projet, dit-on, a réussi à sauver l'architecture et l'identité d'El Khalil (Hébron), ville de 4000 ans d'histoire. Celle-ci, ancienne ville cananéenne, est célèbre par la Tombe des Patriarches où est enterré le Prophète Ibrahim et par le Chêne de Mambré qui est vieux de 850 ans. La morphologie du centre historique d'Hébron, qui date des Ve et VIe siècles, est déterminée, en effet, par trois éléments physiques: la Tombe des Patriarches, la Vallée Fertile et le mont de Tel Al Rumeida. Après 13 ans de travaux réalisés par le Comité de réhabilitation, le centre historique d'Hébron est devenu aujourd'hui un endroit très différent de ce qu'il était en 1996: d'un tissu urbain dégradé et abandonné par sa population traditionnelle, où vivaient à peine 400 habitants, il s'est transformé en un espace auquel on a restitué la vie et la qualité urbaine, récupérant la splendeur de son architecture traditionnelle, où habitent actuellement près de 4500 personnes. Sur ces photos où la vie semble reprendre ses droits, on y découvre, en plus du centre historique, le marché et les travaux d'artisanat de cette population, le projet de réhabilitation de la célèbre mosquée d'Hébron, dont il faut savoir qu'elle est le seul lieu au monde où cohabitent une synagogue et une mosquée. C'est également la seule synagogue au monde à abriter des morts. C'est ici que, d'après la légende, Abra-ham, père à la fois des juifs et des musulmans par ses deux femmes et ses deux fils Isaâc et Ismaël, a enterré sa femme Sarah. Il acheta une caverne pour la transformer en tombeau. C'est ici qu'il sera inhumé ainsi que ses descendants et leurs épouses. Une autre légende identifie le lieu comme étant la sépulture d'Adam et Eve devant l'entrée du Paradis dont ils furent chassés, au pied de la porte du Jardin d'Eden fermée pour toujours. Certains juifs, il y a longtemps, s'étaient opposés à un lieu de culte à cet endroit jugé «impur» car abritant des tombes. Il faut savoir aussi qu'à Hébron, dit-on, vivent les colons les plus acharnés et les plus extrémistes de tout Israël. Des blocs de béton séparent la ville en deux. La vieille ville (antérieurement le centre économique d'Hébron) est en zone 2, et est donc civilement et économiquement «mort». Pour passer de H1 à H2, il faut obligatoirement passer par un des 6 check-point spéciaux gardés par l'armée israélienne et interdisant tout passage d'un véhicule d'une zone à l'autre. Alors à qui sert la réhabilitation, se demande-t-on? Néanmoins, dans cet effort, la coopération espagnole a joué un rôle remarquable au cours des dix dernières années à travers le financement, non remboursable, de la réhabilitation de plusieurs quartiers qui composent le centre historique de la ville. De même et bien que les conditions normales de mobilité et l'activité de la population sont loin de se rétablir, en raison des restrictions imposées par les autorités israéliennes, le programme de revitalisation, affirme t-on, a réussi à sauver l'architecture et l'identité de cette ville plusieurs fois millénaire. L'exposition est visible jusqu'à la fin du mois de février. Si l'on peut reconstruire des maisons, il est dur de reconstituer des familles et faire semblant d'avoir une vie normale dans les conditions de guerre que l'on sait. Il est bien de préserver son patrimoine mais sa dignité aussi de préférence... Le peuple palestinien attend plus que ces opérations de restauration, fussent-elles importantes et utiles. Si au moins les pierres pouvaient parler...