Alors que Haïti panse ses plaies après le gigantesque séisme qui a détruit l'île le 12 janvier, des «humanitaires» en ont profité pour sortir illégalement de Haïti des bébés et de jeunes enfants. La police haïtienne détenait dimanche dix ressortissants américains, membres d'une association chrétienne, accusés par Port-au-Prince d'avoir «volé» 33 enfants à la faveur du séisme du 12 janvier, qui fait craindre une résurgence du trafic d'enfants. «Dix américains sont détenus par les autorités haïtiennes pour violation présumée des lois haïtiennes sur l'immigration», a indiqué l'ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince, à propos de cette affaire qui évoque celle de l'Arche de Zoé en 2007, entre la France et le Tchad. Samedi, le ministre haïtien des Affaires sociales et du Travail, Yves Christallin avait annoncé que dix Américains, cinq hommes et cinq femmes, avaient été appréhendés près de la frontière dominicaine, en compagnie d'une trentaine d'enfants qu'ils avaient, selon lui «volé». Ils étaient à bord d'un bus avec 33 enfants de 2 mois à 14 ans, a précisé la ministre de la Communica-tion, Marie Laurence Jocelyn Lassegue. «Lorsqu'on leur a demandé les documents concernant les enfants, ils n'en avaient pas», a-t-elle précisé. «La police a décidé de conduire l'autobus à Port-au-Prince». A la direction centrale de la police judiciaire où le groupe était détenu, la porte-parole du groupe, Laura Silsby, a déclaré: «Nous ne sommes venus que pour aider les enfants. Nous avions de bonnes intentions». «Nous voulions aider ceux qui ont perdu des parents lors du tremblement de terre ou étaient abandonnés», a-t-elle ajouté. Elle n'a pas pu donner de précision sur la suite de la procédure qui les attendait et s'ils devaient être présentés à un juge lundi (hier). Elle et ses compatriotes sont des baptistes, membres d'une association caritative baptisée Le refuge pour une nouvelle vie des enfants, basée dans l'Idaho (nord-ouest des Etats-Unis). Selon le directeur général de la police, Mario Andresol, deux complices haïtiens présumés sont également détenus. Une enquête a été ouverte pour déterminer dans quelles circonstances les Américains sont entrés en possession des enfants qui ont été placés par les autorités dans un centre d'accueil à Croix-des-Bouquets, à une trentaine de kilomètres de la capitale. «La plupart des enfants ont encore de la famille», a indiqué Patricia Vargas, directrice régionale de ce centre d'accueil de l'association SOS Children's Village. «En parlant avec des enfants plus grands, âgés de plus de sept ans, nous avons appris que leurs parents sont en vie. Certains nous ont donné des adresses et des numéros de téléphone», a précisé Mme Vargas. Une petite fille, âgée de quelques mois a été hospitalisée samedi, souffrant de malnutrition. Des personnes se présentant comme des parents se sont présentés auprès du centre, mais les enfants ne leur ont pas été encore remis, a indiqué Mme Jeanne-Bernard Pierre, directrice de l'Institut haïtien du bien-être social, chargé des adoptions en Haïti. De nombreux enfants ont été adoptés depuis le tremblement de terre qui a dévasté Haïti le 12 janvier, faisant 170.000 morts et jetant à la rue un million de personnes. La France a ainsi accueilli 226 enfants depuis le séisme, a indiqué l'ambassade française. Par ailleurs, en Haïti, l'aide semble mieux maîtrisée et selon des points fixes de distribution désignés récemment par l'ONU, des casques bleus assistés de soldats américains, distribuaient des sacs de riz de 25 kilos, conséquence d'une décision du Programme alimentaire mondial (PAM) qui souhaite mieux distribuer l'aide alimentaire en la confiant aux femmes.