Le Soudan appelé à élire un président en avril et à décider du sort du Sud-Soudan lors du référendum de janvier 2011, inquiète l'UA. Les responsables africains ont évoqué hier les «défis d'une ampleur sans précédent» que pose le maintien de la fragile paix au Soudan, à trois mois d'élections générales et à un an d'un référendum sur une éventuelle indépendance du Sud, à l'occasion d'un Sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba. Au Soudan, «des progrès remarquables ont été accomplis dans l'application de l'accord de paix global (signé en 2005), mais des défis d'une ampleur sans précédent requièrent une attention soutenue», a prévenu Jean Ping, le président de la Commission de l'UA. Le Commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra, a souligné la nécessité de «travailler avec tous les responsables soudanais pour promouvoir la paix dans ce pays». «Nous faisons cela tout en respectant pleinement la volonté des peuples soudanais, mais nous devons en tous les cas rendre l'unité attrayante», a-t-il ajouté, reprenant l'expression utilisée samedi par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Une réu-nion uniquement consacrée au Soudan s'est tenue dimanche en marge du Sommet, à l'initiative de MM.Ban et Ping, avec le président soudanais Omar E Bechir, le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, et les présidents d'Afrique du Sud, du Nigeria, du Tchad et de l'Algérie. Mais pour un des membres de la délégation soudanaise au Sommet, Akwei Bona Malwal, «c'est trop tard». «Nous avons demandé depuis longtemps à la communauté internationale de se mobiliser, mais maintenant les gens se sont fait leur opinion au Sud-Soudan», a-t-il déclaré. «Ils sont en faveur de l'indépendance, donc nous manquons de temps. La communauté internationale peut toujours s'impliquer pour aider les deux parties à faire face à l'après-référendum de manière pacifique», a-t-il ajouté, assurant que «le gouvernement de Khartoum n'ira jamais à l'encontre de la décision des peuples du Sud-Soudan». Le dirigeant libyen, Maâmar El Gueddafi, a estimé pour sa part, dimanche, que «le Sud avait le droit de se dissocier du Nord par référendum, mais (qu') il y avait des dangers pour le Sud». «Le risque de guerre est plutôt entre les gens du Sud qu'entre le Nord et le Sud. Ils ont des différends sur la terre, les points d'eau, et cela entraîne déjà des combats. S'ils venaient à l'indépendance, ce serait un micro-Etat qui susciterait la convoitise de ses voisins», a estimé le dirigeant libyen devant la presse. Le Nord, majoritairement musulman, et le Sud, en grande partie chrétien, ont mis fin en janvier 2005 à 21 ans de guerre civile. L'accord de paix global (CPA) a permis la création d'un gouvernement semi-autonome au Sud-Soudan et prévoit la tenue en avril des premières élections - présidentielle, législatives et régionales - multipartites depuis 1986 au Soudan et un référendum en janvier 2011 sur l'indépendance du Sud. Outre les crises régionales, le Sommet de l'UA, qui réunit jusqu'à aujourd'hui les représentants des 53 Etats membres de l'organisation, a également eu à son ordre du jour d'hier la coopération avec la Cour pénale internationale (CPI). L'UA a demandé la suspension de la procédure engagée par la CPI contre Omar El Bechir, sous le coup d'un mandat d'arrêt pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour, région de l'ouest soudanais. Alors que l'organisation Human Rights Watch vient de critiquer à nouveau cette position, le président soudanais est, pour sa part, depuis vendredi à Addis Abeba pour participer au Sommet.