«Tariq Ibn Ziyad», ce navire, qui est un petit bout d'Algérie qui traverse quotidiennement la Méditerranée, fait tout pour mériter son nom. Il a déjà conquis le marché et le coeur des citoyens algériens. Il est 8h 30 min. 26° à l'ombre, il fait beau, presque aussi beau qu'à Alger. Le navire «Tariq Ibn Ziyad» accoste le quai du port de la Joliette de Marseille, après un voyage de 18 heures. Tout le monde est sur le pont, certains ont déjà le mal du pays. Pendant que le «Tariq» fait ces dernières manoeuvres, les passagers, toutes nationalités confondues, ont les yeux rivés sur Notre-Dame-de-la-Garde, un véritable monument architectural. Cette basilique a d'ailleurs le même effet magique que Notre-Dame-d'Afrique, qui surplombe Bab El-Oued, ou la Grande mosquée de la place des Martyrs. A peine aperçue, l'on a déjà envie d'aller la visiter. N'est-ce pas le même sentiment qui nous prend lorsqu'apparaît Notre-Dame-d'Afrique? Le navire, dévorant les quelques vagues entre de nombreux voiliers, consacre la communion entre Alger et Marseille. Il faut savoir goûter ce moment. Entre joie et amertume, une sensation confuse envahit les passagers. Difficile de résister à la chaleur de Marseille cette ville qui n'a jamais refusé les étrangers, mais il est difficile d'oublier le bled. L'on partagera les derniers moments ensemble pendant le contrôle douanier et tout le monde sombrera après, dans son exil. «L'on ne se dit jamais adieu lorsqu'on fait une traversée à bord du ‘‘Tariq'', on se dit à la prochaine traversée, à la même période à bord du navire», nous déclare un jeune étudiant algérien. La traversée semble avoir un effet sur les rapports entre les enfants du pays et les immigrés. Le cadre de convivialité préparé avec soin par le personnel de l'Entmv, à bord du navire, y est pour beaucoup. Tout est fait pour que les passagers se sentent bien sur ce bout d'Algérie, grand comme deux fois un stade de football, qui traverse le lac méditerranéen. Dix-huit heures de voyage, mais aussi dix-huit heures de joie, de danse on se croirait dans un grand hôtel de luxe flottant. «Vous savez ce qui fait la différence entre ‘‘le Tariq'' et les navires des autres compagnies? Eh bien c'est la chaleur humaine des Algériens. A bord du ‘‘Tariq'', lorsque vous avez besoin de quelque chose vous n'êtes pas obligé de payer», nous avance un immigré avec fierté. Il ajoute que le navire algérien n'a actuellement rien à envier aux autres. «Adapté aux exigences du marché, il a beaucoup de particularités qui font de lui le meilleur moyen de faire la traversée». «Le Tariq» mérite bien son nom. Il a encore conquis le coeur des passagers et c'est le nombre des voyageurs qui en témoigne. En 48 heures, il a atteint les 1300 passagers et environ 400 véhicules. Quasiment toute une ville s'est déplacée à bord. Cependant, la moitié a choisi de faire la traversée à bord du Navire «Liberté» battant pavillon français.