Une offensive va être lancée par les troupes de l'Otan et l'armée afghane, dans les prochains jours dans la vallée de Marjah, bastion des insurgés chassés du pouvoir en 2001. Une opération militaire en préparation dans le sud de l'Afghanistan vise à envoyer aux insurgés un «signal fort» que Kaboul étend son contrôle, a assuré hier le commandant des forces internationales dans le pays alors que des milliers d'habitants ont commencé à fuir. L'offensive, menée par les troupes de l'Otan et l'armée afghane, doit être lancée dans les prochains jours dans la vallée de Marjah, dans la province du Helmand, bastion des insurgés chassés du pouvoir en 2001. Cette opération va «envoyer un signal fort, selon lequel le gouvernement afghan étend son contrôle en matière de sécurité», a affirmé hier aux journalistes le commandant en chef des forces internationales en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, qui commande les 113.000 soldats américains et de l'Otan déployés dans le pays. Baptisée Opération Mushtarak - «ensemble», dans la langue dari, car les troupes afghanes se joignent aux forces internationales -, elle intervient après deux autres opérations menées l'an dernier dans cette région parmi les plus dangereuses d'Afghanistan. En face, les taliban assurent qu'ils ont massé de nombreux combattants autour de Marjah. «Nous avons la situation sous contrôle et nous sommes prêts à nous battre», a assuré Yousuf Ahmadi, porte-parole des taliban joint par téléphone depuis un lieu tenu secret. Alors que l'offensive est en préparation depuis des semaines, des hélicoptères de l'Otan ont largué des tracts avertissant les 80.000 habitants de la vallée d'un assaut imminent. «Les taliban sont nombreux là-bas. Ils se montrent violents avec nous, ils nous accusent d'être des espions à la solde des forces étrangères et nous réclament de la nourriture en permanence», témoigne Habibullah, 48 ans, qui a fui il y a deux mois vers Lashkar Gah, la capitale de la province. «Il y a encore des gens qui vivent là-bas et les taliban contrôlent encore le secteur», a-t-il ajouté. Alors que les habitants fuient, les autorités provinciales attendent l'arrivée de 7000 familles à Lashkar Gah notamment. Marjah se situe au coeur de l'une des premières régions productrices d'opium, l'une des sources principales de financement de l'insurrection des taliban. «Les habitants de Marjah qui vivent sous les contrôle des taliban et avec la présence de trafiquants de drogue, n'ont pas beaucoup de choix», a assuré le général McChrystal. «Nous tentons de leur dire que lorsque le gouvernement aura rétabli la sécurité, ils auront alors le choix. Ils pourront choisir ce qu'ils souhaitent cultiver, vendre leur production sur des marchés, ils n'auront pas affaire uniquement à des narco-traficants qui les forcent» à cultiver le pavot, a-t-il ajouté. Le général a également assuré que dans le cadre du programme de réconciliation proposé par le président Hamid Karzaï, avec une politique de main tendue aux insurgés repentis, l'opération ne sera pas seulement militaire. «Nous faisons en sorte que cette opération (soit) à la fois civile et militaire, car ce qui va changer ce n'est pas seulement le niveau de sécurité mais aussi la gouvernance», a souligné le général. «Donc toute la préparation de l'opération a été menée par des civils avec l'armée en soutien et bien sûr, c'est une opération dirigée par l'Afghanistan», a-t-il assuré.