La menace que fait planer l'Iran est «réelle» mais Al Qaîda représente un danger encore plus grand, a déclaré la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton dans un entretien diffusé dimanche soir mais enregistré avant que le président iranien n'ordonne la production d'uranium enrichi. «Le fait qu'un pays comme la Corée du Nord ou l'Iran se dote d'une arme nucléaire induit une menace à la fois potentielle et réelle», a déclaré Hillary Clinton sur la chaîne de télévision CNN tout en affirmant clairement que l'Iran ne possédait pas l'arme nucléaire. «Mais la plupart d'entre nous estiment que la principale menace vient des réseaux transnationaux et non étatiques», a-t-elle dit, en faisant allusion à Al Qaîda et ses différentes branches présentes en Afghanistan, Afrique du Nord, Pakistan, Arabie Saoudite et Yémen. La secrétaire d'Etat s'est inquiétée du niveau de connexion des membres d'Al Qaîda entre eux et a précisé que la nébuleuse continuait «de renforcer la sophistication de ses moyens» et du type d'attentat qu'elle pouvait commettre. Le jour de Noël, un jeune Nigérian se réclamant d'Al Qaîda a tenté en vain de faire exploser un avion de ligne en phase d'approche à l'aéroport de Detroit (nord des Etats-Unis). «Notre pire cauchemar, c'est qu'une de ces organisations terroristes (...) mette la main sur une arme de destruction massive», a dit Mme Clinton. L'interview de la responsable américaine a été donnée avant que le président Mahmoud Ahmadinejad n'ordonne, dimanche, le démarrage de la production d'uranium hautement enrichi par l'Iran. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a immédiatement réagi en appelant la communauté internationale à un «front commun pour faire pression sur le gouvernement iranien». Londres a fait part de sa «vive inquiétude». Hillary Clinton a déclaré que la question de savoir à quel point l'Iran était proche de détenir l'arme nucléaire était «sujet à débat» et suggéré que Téhéran jouait volontairement la montre à propos de ce qu'elle appelle «une proposition très raisonnable» de la communauté internationale. L'Iran a rejeté en novembre une proposition soumise le 21 octobre par les Six (Allemagne, Chine, France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Russie) sur l'envoi, en une seule livraison, de la plus grande partie de son stock d'uranium faiblement enrichi en Russie et en France pour y être transformé en combustible pour son réacteur de Téhéran. Mme Clinton a aussi tenu à rendre hommage au président afghan Hamid Karzaï, dont la réélection en novembre 2009 a été controversée. «J'ai passé beaucoup de temps avec le président Karzaï, très récemment, j'ai eu une conversation de 90 minutes en tête-à-tête avec lui à Londres. Je pense qu'il a vraiment pris la mesure de sa fonction depuis» sa réélection, a estimé la secrétaire d'Etat. Hillary Clinton a ensuite évoqué une meilleure «relation», une meilleure «compréhension», ces dernières années, entre les Etats-Unis et l'Afghanistan. La secrétaire d'Etat a achevé cet entretien sur une note plus légère en indiquant qu'elle s'activait à trouver la robe de mariée que sa fille Chelsea doit porter pour son mariage cet été.