C'est en ces termes que s'exprimait hier le président soudanais, Omar El Bechir, qui recevait à Khartoum son homologue tchadien, Idriss Deby Itno Le Soudan a «complètement tourné la page» de son conflit avec le Tchad et est prêt à normaliser ses relations avec son voisin, a déclaré hier le président soudanais, Omar El Bechir, lors de la première visite à Khartoum depuis six ans de son homologue tchadien. «J'affirme aux peuples soudanais et tchadien que nous avons complètement tourné la page», a-t-il déclaré lors d'un discours dans le «Pavillon de l'amitié», nom du centre des Congrès de Khartoum. «Cette visite a mis fin à tous les problèmes entre le Tchad et le Soudan», a ensuite ajouté, à l'aéroport, le président El Bechir, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue tchadien, Idriss Deby Itno, qui a conclu hier sa première visite sur le sol soudanais depuis 2004. «Je suis venu le coeur ouvert et la main tendue pour écrire une nouvelle page de nos relations. Je n'ai pas de doute que les mêmes sentiments et la même volonté animent mon frère, M. le président Omar Hassan Ahmed El Bechir», a déclaré le président tchadien devant un millier de personnes réunies au centre des Congrès. Les relations entre les deux voisins africains ont été «profondément affectées» par la crise du Darfour, région soudanaise limitrophe du Tchad en proie depuis 2003 à une guerre civile complexe, a reconnu le président tchadien. Bonnes au début de la crise, les relations entre Khartoum et N'Djamena se sont tendues en 2005 lorsque, pour différentes raisons, chaque pays a commencé à soutenir la rébellion armée hostile à son voisin. Plusieurs accords, dont un pacte de non-agression en mars 2008 baptisé «Accord de Dakar», sont restés lettres mortes. Les deux voisins ont signé mi-janvier, à N'Djamena, un «accord de normalisation» assorti d'un «protocole de sécurisation des frontières» qui prévoit le déploiement d'une force mixte à la frontière. Selon le président soudanais, des projets de développement conjoints vont être mis en oeuvre dans les zones frontalières afin d'aider les populations affectées par le conflit au Darfour. L'Organisation de la conférence islamique (OCI), basée à Jeddah (Arabie Saoudite) s'est félicitée de la normalisation des relations entre deux de ses membres à la suite de la visite de M.Deby. «Une accalmie ne suffit pas. Quelles que soit leurs qualités, les accords et les protocoles seuls ne peuvent ramener la confiance si le politique n'y met pas du sien. Il est temps de nous surpasser pour sceller cette paix», a déclaré Idriss Deby. «Si je suis parmi vous aujourd'hui, ce n'est pas pour une simple accolade, je suis venu pour que nous transformions l'accalmie actuelle en paix définitive», a-t-il ajouté, suggérant que des actions devaient encore être mises en oeuvre pour sceller la paix entre les deux voisins. Le président soudanais a, par ailleurs, accepté l'invitation d'Idriss Deby à se rendre à N'Djamena, mais aucune date n'a encore été fixée, selon des responsables politiques soudanais.