Le président tchadien est arrivé lundi en fin de matinée à l'aéroport de Khartoum, où il a été accueilli par son homologue soudanais Omar El Bechir. Le président tchadien Idriss Deby Itno a entamé hier sa première visite au Soudan depuis 2004, signe d'apaisement entre les deux voisins qui se livrent une guerre par rebelles interposés et dont les bonnes relations sont jugées essentielles à une solution au conflit du Darfour. Le président tchadien est arrivé hier en fin de matinée à l'aéroport de Khartoum, où il a été accueilli par son homologue soudanais Omar El Bechir. «Il s'agit d'une visite historique, a déclaré à l'aéroport le ministre soudanais des Affaires étrangères, Deng Alor. Nous tentons d'améliorer les relations entre le Tchad et le Soudan. Et je pense que cette visite en est un témoignage.» «Nous espérons que plusieurs enjeux seront discutés et résolus au cours de cette rencontre», a poursuivi le chef de la diplomatie soudanaise. Mi-janvier, les deux pays ont déjà signé à N'Djamena un «accord de normalisation» de leurs relations assorti d'un «protocole de sécurisation des frontières». Le Tchad et le Soudan s'engagent à cesser tout soutien à leurs mouvements rebelles respectifs. L'accord prévoit aussi le déploiement d'une force mixte à la frontière tchado-soudanaise composée de 3000 hommes, à parts égales. La dernière visite d'Idriss Deby au Soudan remontait à juillet 2004, à l'occasion d'une rencontre avec Omar El Bechir à el-Geneina, capitale stratégique du Darfour-Ouest, à une vingtaine de kilomètres du Tchad. Mais les relations s'étaient détériorées l'année suivante pour des raisons liées dans un premier temps à la politique intérieure tchadienne: après une tentative avortée de coup d'Etat en 2004, des proches de Deby ont fait défection et formé une opposition armée ayant le Darfour pour base stratégique. Ces dissidents étaient pour la plupart de la même tribu qu'Idriss Deby, les «zaghawa», aussi présents dans le Darfour soudanais. Pour contrer la rébellion tchadienne, Idriss Déby avait offert un sanctuaire aux rebelles darfouris du Mouvement pour la justice et l'Egalité (JEM) dirigé par Khalil Ibrahim, lui-même un «zaghawa» de l'influent sous-clan «kobe». Ces développements avaient profondément modifié les relations entre le Tchad et le Soudan, chaque pays soutenant désormais l'opposition armée hostile à son voisin. Différentes tentatives pour réconcilier les deux pays étaient restées lettre morte dont le pacte de non-agression, baptisé «accord de Dakar», signé en mars 2008 dans la capitale sénégalaise. Mais «cette fois-ci, ça a l'air sérieux», a déclaré un diplomate sous le couvert de l'anonymat. «Les deux pays en ont besoin en ce moment. Le Tchad se dirige vers des élections législatives en novembre et une présidentielle en avril 2011, alors que des élections sont prévues en avril au Soudan, puis un référendum en janvier 2011», sur la sécession du Sud-Soudan, a-t-il noté. Selon des observateurs, la normalisation des relations entre Khartoum et N'Djamena priverait les rebelles darfouris d'un de leurs importants soutiens et pourrait faciliter un accord entre la rébellion du Darfour et le gouvernement soudanais, qui doivent prochainement entamer des pourparlers directs au Qatar. «Cette visite (d'Idriss Deby) aura définitivement un impact positif sur les pourparlers de Doha», a assuré hier le chef de la diplomatie soudanaise, Deng Alor.