Même l'opposition salue la démarche du président Deby, accueilli par une foule en liesse à son retour de la capitale soudanaise. Qualifié d'historique, le voyage du président tchadien Idriss Deby Itno, lundi et mardi à Khartoum, a été accueilli avec beaucoup d'enthousiasme par les Tchadiens qui aspirent à une paix durable après des années de guerre. «Nous avons trop souffert dans notre chair. Trop de sang a coulé, trop de larmes ont été versés, trop de familles ont été endeuillées», affirme Ousmane Mahamat, un fonctionnaire tchadien, pays secoué par des violences, guerres civiles ou guérillas depuis son indépendance en 1960. «La guerre est inutile et dramatique avec des conséquences incalculables», souligne Jérôme Madji, étudiant, alors que Idriss Paul, mécanicien assure: «Nous voulons la paix, rien que la paix, comme les autres pays». Même l'opposition salue la démarche du président Deby, accueilli par une foule en liesse à son retour de la capitale soudanaise. «Cette visite est une démarche que nous soutenons. C'est une opportunité pour ramener la paix entre les deux pays», indique Saleh Kebzaboh, porte-parole adjoint de la Coordination des partis pour la défense de la démocratie (Cpdc, coalition de l'opposition). «Nous souhaitons une véritable paix, mais pas une paix médiatique», prévient-il toutefois, évoquant les nombreux accords signés entre le Tchad et le Soudan entre 2004 et 2009 et demeurés lettre morte. «Le chef de l'Etat s'est déplacé au Soudan pour prouver notre bonne foi et notre détermination à faire la paix», précise le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Mahamat Hissène. Selon un autre membre du gouvernement qui a requis l'anonymat: «Nous n'avons pas intérêt à nous mettre à dos le Soudan et les pays favorables au départ de la Minurcat», la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad, dont le N'Djamena a demandé en janvier le départ. Le mandat de la Minurcat expire en principe le 15 mars. «Nous avons intérêt à chercher la paix, parce que nous allons vers des échéances électorales. Il faut éviter les affrontements qui vont nous replonger dans l'incertitude», a ajouté ce responsable, en référence aux scrutins législatif de 2010 et présidentiel de 2011. Pour de nombreux observateurs, la visite de Deby à Khartoum constitue un signe d'apaisement entre ces pays voisins qui se livraient depuis 2004 à une guerre par groupes rebelles interposés. Les deux chefs d'Etat se sont rendus compte que les rebelles n'ont pas atteint leurs objectifs. Ils en ont tiré les conséquences, passant les oppositions armées par «pertes et profits» estime un haut diplomate tchadien sous couvert de l'anonymat. «Il y a également la pression de la communauté internationale qui estime que la solution au Darfour (ouest du Soudan, en guerre) passe nécessairement par la résolution du différend entre le Tchad et le Soudan», poursuit-il. Mi-janvier, les deux pays avaient déjà amorcé ce réchauffement en signant un «accord de normalisation», assorti d'un «protocole de sécurisation des frontières». Ils s'engagent à cesser tout soutien aux mouvements rebelles, selon cet accord, prévoyant aussi le déploiement d'une force mixte composée de 3000 hommes à la frontière.