Le dossier des essais nucléaires français est étudié dans le volet relatif à l'indemnisation et à la décontamination. L'Association du 8-Mai 1945, présidée par Kheiredine Boukhrissa, a célébré le cinquantième anniversaire de l'explosion de la première bombe atomique française en Algérie. Lors d'une rencontre organisée au Bastion 23 à Alger, il a dénoncé l'attitude de la France qui a omis d'indemniser les Algériens qui ont été victimes de ces essais nucléaires. Le 13 février 1960 vers 7h, près de Reggane à 1700 km d'Alger, alors que l'Algérie est encore une colonie française, la France procède à son premier essai nucléaire, avec une bombe au plutonium, lors de l'opération «Gerboise bleue.» Depuis des années, des Algériens mais aussi des Français, pour la plupart des militaires, persuadés d'avoir été contaminés par la radioactivité, se battent pour la reconnaissance de leur préjudice. «Nous rejetons l'indemnisation, insuffisante, prévue par la loi française du 22 décembre 2009, car ce n'est pas avec quelques sous qu'on va régler un problème qui affecte plusieurs générations.» C'est ce qu'a déclaré Abderrahmane Leksassi, vice-président de l'Association du 13 Février 1960. Avec d'autres victimes, il ne cesse de rappeler que les essais nucléaires au nombre de trois ont fini par dégrader l'environnement et ruiner la santé des riverains. Après Reggane, il y a eu d'autres essais. Il ont eu lieu plus au sud, près de Tamanrasset. 14 autres essais souterrains ont été réalisés. Il est difficile d'estimer le nombre exact de victimes de ces essais nucléaires, car toute la région a été exposée aux radiations qui persistent et il n'y a eu aucun dépistage, affirme M.Leksassi. La région comptait entre 16 et 20.000 habitants et «on n'a tenu aucun compte des nomades qui traversaient la région». C'est ce que souligne, de son côté, Mohammed Bendjebbar, qui dirige l'Association algérienne des victimes des essais nucléaires. Ces nomades ont ramassé tout ce qui pouvait leur être utile: des déchets métalliques hautement radioactifs, tel que bidons, fûts et autres objets laissés par les Français, ajoute M.Bendjebbar. Aucune décontamination sérieuse n'a été effectuée par la France et dans certaines zones près de Reggane, la radioactivité ambiante est aujourd'hui de 22 fois supérieure aux normes internationales, affirme-t-il encore. Les lieux du pas de tir du premier essai sont toujours strictement contrôlés, des barrières interdisant le périmètre à des dizaines de kilomètres à la ronde, selon des habitants. Pour M.Leksassi, la population subit encore les séquelles de ces essais. Il cite des cas de cancer ou de malformations chez les nouveau-nés à Reggane, dans un environnement contaminé. Ces conséquences sont au centre des travaux d'un comité conjoint franco-algérien mis en place après la visite en 2007 du président Nicolas Sarkozy en Algérie, selon des sources diplomatiques. Chargé de réaliser une expertise des sites nucléaires avec la collecte de données et d'études, ce comité d'experts doit faire un état des lieux quant à la dangerosité des sites et parvenir à un diagnostic. Ce groupe technique, dont les travaux sont confidentiels, travaille depuis un an dans une bonne entente et a déjà bien avancé, selon les mêmes sources.