C'est ce qu'a annoncé l'ambassadeur de France à Alger au cours de la réception organisée à l'occasion de la célébration du 14 Juillet. Après l'alignement des pensions des anciens combattants sur celles de leurs frères d'armes français, c'est au tour des victimes algériennes des essais nucléaires français d'être prises en considération au même titre que les victimes françaises et polynésiennes. «Il n'existe aucune discrimination entre victimes algériennes et victimes françaises. A Alger, c'est le service des anciens combattants et victimes de guerre qui se chargera de recevoir les demandes», a déclaré mercredi soir Xavier Driencourt, dans une allocution qui a précédé la réception organisée à l'occasion des traditionnelles festivités du 14 juillet. Y a-t-il eu un revirement de la politique française d'indemnisation des victimes des essais nucléaires? En effet, si l'on se fie aux récentes déclarations de certains ténors du barreau d'Alger, le décret d'application de la loi française relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français aurait totalement exclu les Algériens. C'est ce qu'a affirmé, à la veille de la célébration des festivités du quarante huitième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, Me Fatima Benbraham. «Le décret n'a, à aucun moment, fait référence aux Algériens. Ils sont tout simplement exclus de la loi dite Morin», avait fait remarquer l'avocate lors d'une table ronde consacrée à l'état d'avancement du dossier concernant les essais nucléaires français dans le Sahara, organisée dans le cadre du forum du quotidien El Moudjahid. La célèbre avocate a tenu à préciser que le texte de loi en question fait référence uniquement aux civils et aux militaires ayant exercé en Algérie entre le 13 janvier 1960 et le 31 décembre 1967. Pour étayer ses déclarations, Fatima Benbraham a fait référence à certains articles de presse qui battent en brèche la thèse officielle des autorités françaises. En particulier la délimitation de la zone géographique qui ne prend pas en charge celle occupée par les populations algériennes exposées aux irradiations provoquées par les explosions des essais nucléaires français dans le Sud algérien. D'après un rapport militaire classé «Top secret» quelque 40.000 Algériens, entre sédentaires et nomades, répartis en groupes de près de 500 personnes, éloignées par une dizaine de kilomètres les uns des autres, peuplaient le périmètre concerné. Ce qui remet complètement en cause les déclarations officielles des autorités militaires de l'époque qui affirmaient mordicus que les régions où se sont concentrés les essais nucléaires français n'étaient animées d'aucune espèce de vie. La polémique a pris place avec, à la clé, des témoignages de soldats français. Quelque 300 militaires, des appelés pour la plupart d'entre eux, issus de régiments basés en Allemagne, y ont pris part. «Nous avons été les cobayes de l'atome. J'étais à 10 km, en short, sans aucune protection», accuse Guy Peyrachon, membre de l'Association des vétérans des essais nucléaires, créée en 2001 et qui compte près de 5000 membres. La première bombe atomique française venait d'exploser, le 13 février 1960, avec comme conséquence une de ses premières victimes. «210 essais ont été menés entre 1960 et 1996, dans le Sud algérien et en Polynésie. Civils ou militaires, près de 150.000 personnes ont travaillé sur ces sites. Des dizaines de milliers d'habitants de ces régions sont, en outre, potentiellement concernés», pouvait-on lire il y a moins d'un mois, le 28 juin 2010, sur le site du quotidien français Le Monde. Si l'information livrée mercredi par l'ambassadeur de France venait à se traduire sur le terrain, c'est une autre injustice que la France officielle aura eu à réparer. La loi dont les textes sont considérés comme imparfaits est décriée par bien des associations de l'Hexagone. Le secrétariat du nouveau comité d'indemnisation créé par la loi du 5 janvier 2010, est en principe entré en vigueur le 1er juillet.