Des milliers d'enfants sont condamnés à vivre avec des malformations congénitales, alors que d'autres seront stériles à jamais. Qu'elle s'appelle Gerboise Bleue ou Gerboise Blanche, Verte ou Rouge, il n'y a que la couleur qui change et l'horreur de la Gerboise reste la même. Ces noms sont les codes attribués aux premiers tirs des essais nucléaires effectués par la France dans le Sahara algérien entre février 1960 et avril 1961. Il y a de cela 48 ans, la France a procédé aux premiers essais nucléaires dans le Sahara algérien. Plus précisément, le 13 février 1960, la Ve République a procédé, sous la présidence du général de Gaulle, aux premiers essais nucléaires en Algérie. Reggane, In Ekker, Tamanrasset, Hamoudia et Tan Afella sont les sites algériens qui ont été «irradiés» par les bombes atomiques de février 1960 au mois de février 1966. Dix-sept essais ont été effectués durant six années. Six années d'essais, mais des dizaines d'années de souffrances. A la veille de la célébration du 49e anniversaire de cette date noire de la présence française en Algérie, les retombées sont toujours vivaces. Les retombées tant sur le plan humain que politique. Pour le premier point, des humains, des prisonniers pour la plupart, sont utilisés comme cobayes. Aujourd'hui, 49 ans après l'apocalypse, les irradiations continuent leurs ravages. Des milliers d'enfants sont condamnés à vivre avec des malformations congénitales, alors que d'autres seront stériles à jamais. Le nombre d'Algériens atteints de maladies diverses à cause de ces essais nucléaires n'a pas été établi. Une chose néanmoins est sûre: le nombre ne cesse d'augmenter, sous silence. Cela est dû, notamment, à l'absence de dépistage et d'archives sanitaires. Les effets néfastes de ces essais n'ont pas touché seulement les habitants des sites concernés, mais, également, la population limitrophe de cette zone. Toutefois, Mohammed Abdelhak Bendjebbar, président de l'Association des victimes des essais nucléaires, avait estimé, dans une de ses sorties médiatiques, le nombre des victimes algériennes de ces essais nucléaires à 30.000. Un autre crime contre l'humanité qui demande réparation. Sur ce point, la position de la France reste mitigée. Elle ne répond pas d'une manière officielle sur l'indemnisation ou non des victimes de ces essais. Dans une interview accordée au journal Le Parisien, le 26 novembre dernier, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a déclaré sans détour que «nous devons reconnaître les victimes des essais nucléaires». Comme premier pas, le premier responsable des armées françaises annonce qu'un projet de loi d´indemnisation des victimes d´essais nucléaires sera soumis, au mois de janvier, au vote devant l'Assemblée française. «Si ce projet est voté à l´Assemblée au premier trimestre 2009, nous accorderons des indemnisations pour les personnels civils et militaires exposés lors des essais nucléaires. Nous avons arrêté une liste de maladies liées aux effets de la radioactivité», a rapporté le journal français. De son côté Eric Chevalier, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, estime que «l'Algérie ne peut pas être exclue». M.Chevalier dit que les Algériens seraient indemnisés au même titre que les autres pays où il y a eu des essais nucléaires français. Mais depuis, rien de concret. La France continue à tourner le dos à son histoire. En 2006, la République française était catégorique. Elle a refusé de reconnaître les crimes de ses essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien. N'est-ce pas là un autre champ miné entre Alger et Paris? Une chose est néanmoins claire, les essais nucléaires constituent une autre «bombe politique» entre les deux capitales, et qu'il faut désamorcer.