Se produisant pour la 3e fois dans la ville des Ponts, Hichem et Yacine Mesbah et leurs deux compagnons ont «allumé», jeudi en soirée, la scène du Théâtre régional de Constan-tine (TRC). Encouragés par un public connaisseur et rapidement conquis, les attachants artistes des «Folies berbères» se sont lâchés en revisitant des styles traditionnels universels, au gré de leurs fantaisies. Tirant le maximum de profit de leur formation pluridisciplinaire, joignant talent, goût et performance scénique, ce groupe hors normes, fruit de l'Institut d'art dramatique de Bordj El Kiffan, a exalté la quintessence de la création théâtrale dans un florilège de couleurs digne de Broadway. Loin de leurs personnages respectifs dans El Hadj Lakhdar (Hichem), Bab El Web (Yacine) et Djemaï Family (Athmane Bendaoud), les artistes se plaisent, a confié Hichem, à «renouer chaque fois avec ce spectacle de variétés, point de départ de leurs carrières artistiques, en 1992». Coiffés de canotiers et tout de noir vêtus, ils ont cassé la langue de bois pour s'exprimer dans celle universelle de l'art. Dans un dosage d'ingrédients explosifs, rappelant le burlesque, palpant les maux les plus ancrés dans la société, puisant dans tous les répertoires dans un rituel époustouflant, de la danse, à la mimique, au chant, les artistes ont sublimé l'art sans frontières, sans tabous, exorcisant à l'épuisement les vieux démons des Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë. Orchestrées par un Khalil Redouane, sans doute inspiré par l'arôme familial et familier de sa terre maternelle, «les Folies berbères» ont excellé dans les joutes individuelles, exhibant chacun des talents et des moyens qui n'ont pas manqué d'émerveiller un public ravi, constitué en majorité de familles constantinoises. Car ce show original fut aussi un rendez-vous avec la mémoire pour les familles Mohanned-Ameur et Ammour, qui sont descendues du Coudiat, sur les hauteurs du centre-ville, jusqu'au TRC, à l'occasion, jurent-elles, du 40e jour du décès de leur frère et oncle Hassane Mohanned-Ameur, adorateur devant l'Eternel des «Folies berbères». Nouria, Zoubida, Hichem, Sifia, Hakima, Camélia et la petite Chabha, émus aux larmes, ont tenu à rendre dans la joie, et à leur manière, un dernier hommage à Hassane, acclamant à tue-tête le quatuor qui emplissait la scène du vieux théâtre constantinois. «Hassane avait promis de nous les faire découvrir un jour», glisse Zoubida entre deux hoquets. Les frères Mesbah lui ont promis une autre création, tout aussi dense, un projet sur lequel lui-même, son frère et ses camarades travaillent actuellement en s'inspirant, a confié Hichem, «des chansonnettes qui ont bercé notre enfance à tous». Quant à Yacine, il a révélé qu'il fera une pause dans son stage de gastronomie asiatique, pour se consacrer à son rôle dans le casting du prochain scénario inédit, écrit pour la télévision par l'écrivain algérien Yasmina Khadra et dont le personnage principal est le héros de Khadra, L'Inspecteur Lobb. A l'instar du public constantinois, les admirateurs des «Folies berbères» à Béjaïa et Tizi Ouzou, ont rendez-vous avec le groupe de music-hall les 21 et 23 février dans le cadre d'une mini-tournée parrainée par l'Office de Riad El Feth et organisée sous le patronage du ministère de la Culture, dans le cadre des festivités retenues pour la commémoration de la Journée nationale du Chahid.