Le président du groupe d'amitié France-Algérie a regretté le gel de la commission parlementaire et estime que la proposition de loi criminalisant le colonialisme peut envenimer les relations bilatérales. Le classement de l'Algérie dans la liste des pays dont les citoyens sont soumis à des mesures spécifiques de contrôle ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique française. Le président du groupe d'amitié France-Algérie, le socialiste Bernard Derosier, ne cache pas son mécontentement. «Je ne sais pas pourquoi la France a pris cette décision», s'est-il interrogé lors d'une rencontre tenue la semaine dernière au niveau de l'Assemblée nationale française en présence de journalistes algériens. Ce vieux briscard de la diplomatie parlementaire estime que la France a agi un peu vite. «Politiquement, c'était une erreur», a-t-il estimé avant de renchérir: «Je ne sais pas si la France a reçu des informations sur la présence d'Al Qaîda en Algérie.» Adoptant un discours franc, ce responsable pense que la menace terroriste n'est pas propre à l'Algérie et qu'aucun pays n'est épargné par la menace terroriste. Aussi, M.Derosier ne doute pas de l'impact de cette décision sur les relations bilatérales, déjà au plus mal. L'autre facteur à l'origine de ce malaise est, selon notre interlocuteur, l'incarcération du diplomate algérien Hasseni. «La mise sous résidence surveillée du diplomate algérien, alors qu'il n'était pas impliqué, est une erreur du gouvernement français», concède-t-il sans ambages. Evoquant l'affaire des moines de Tibhirine, ce politique estime que ce n'est pas un problème de taille. Pour lui, les mesures sécuritaires et l'affaire du diplomate algérien sont les deux principales erreurs ayant accentué la tension entre les deux pays, ces derniers temps. Interrogé sur le report de la visite du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, en Algérie, il révèle qu'il en ignore les raisons. «J'ai interrogé le ministre Kouchner sur ce report et il ne m'a pas répondu», a-t-il affirmé. «C'est dommage qu'il ne soit pas parti en Algérie», a-t-il déploré car cette visite aurait permis de relancer le dialogue. Selon lui, le chef de la diplomatie française se dit prêt à se rendre en Algérie, mais pour le moment, aucune date n'a été arrêtée. «On parle probablement du mois de mars mais rien n'est encore confirmé», a-t-il indiqué. Le président du groupe d'amitié espère que le congrès du FLN sera une occasion pour inviter les socialistes. «Si le FLN nous invite, une délégation se rendrait à ce congrès», a-t-il assuré. En outre, M.Derosier a regretté le gel de la commission parlementaire d'amitié France-Algérie par les députés algériens en réaction à la décision de la France de classer l'Algérie dans la liste des pays à risque. «C'est bien dommage pour l'Assemblée nationale algérienne car, cette commission parlementaire donnait l'occasion de se rencontrer une fois par an avec les députés pour discuter des dossiers en commun», a-t-il expliqué. A propos de la proposition de loi criminalisant le colonialisme, faite par les députés du FLN, M.Derosier considère que cette initiative ne fera qu'envenimer les relations entre Alger et Paris. Interpellé sur la question du devoir de mémoire et la revendication d'Alger de l'acte de repentance, le parlementaire socialiste était catégorique. «C'est une mission impossible», a-t-il martelé en écartant définitivement cette option. «La France ne demandera jamais pardon», a-t-il réitéré en faisant référence à l'expérience franco-allemande. «La France n'a pas exigé des excuses de l'Allemagne», a-t-il tenu à souligner. Le député socialiste reconnaît que le problème de l'histoire du passé colonial n'est pas réglé, ce qui empêche d'ailleurs l'évolution des relations politiques. Ce responsable a rappelé que les rapports étaient au beau fixe en 2003, marqués par des échanges de visites d'Etat qui ont failli aboutir alors, à la signature du traité d'amitié. Cet accord n'a pas connu la suite souhaitée en raison, justement, de la loi du 23 février 2005, adoptée par les députés français glorifiant l'action du colonialisme. L'accord en question est-il définitivement abandonné? Notre interlocuteur estime que la décision de bloquer ce traité n'est pas définitive. «Il peut y avoir un traité d'amitié», a-t-il affirmé précisant que «la balle est dans le camp de l'Algérie».