Les attaques de drones menées par les Etats-Unis dans les zones tribales pakistanaises «ont atteint leurs limites», car cette tactique a plus d'inconvénients que d'avantages, estime un rapport d'un centre de réflexion américain, publié jeudi. L'utilisation de drones a sensiblement augmenté depuis l'entrée en fonction du président Barack Obama en janvier 2009: il a ordonné plus d'attaques par des avions sans pilotes en 2009 qu'il n'y en avait eu au cours des huit années précédentes. Ces attaques ont fait entre 830 et 1210 morts, selon ce rapport de la New America Foundation, un centre de réflexion de Washington. Elles auraient notamment provoqué la mort de plusieurs chefs extrémistes, dont celle en août 2009 de Baitullah Mehsud, ancien dirigeant des taliban pakistanais qui était le leader extrémiste le plus recherché du Pakistan. Mais «le programme de drones a sans doute atteint les limites de ses capacités», a relevé Peter Bergen co-auteur du rapport avec Katherine Tiedemann. Les auteurs soulignent que l'augmentation du nombre de ces attaques n'a pas eu pour effet d'affaiblir les forces des taliban ou d'Al Qaîda, ni de perturber les programmes d'entraînement dans les zones tribales pakistanaises, où les combattants extrémistes se préparent pour combattre en Afghanistan ou mener des attentats en Occident. Le rapport cite l'exemple de Najibullah Zazi, un Afghan naturalisé américain, accusé d'avoir programmé des attentats à New York, qui «a acquis ses connaissances techniques dans des camps d'entraînement des zones tribales pakistanaises à l'automne 2008 au moment où le programme de drones tournait à plein régime». Les attentats-suicides au Pakistan et en Afghanistan ont d'ailleurs augmenté parallèlement à l'augmentation des attaques de drones. Ces attaques sont également critiquées car elles font des victimes civiles en contradiction avec la doctrine américaine qui consiste à «gagner les coeurs et les esprits», soulignent les auteurs. Selon le rapport, 32% des victimes de ces attaques depuis 2004 sont des civils. Le rapport souligne enfin que l'assassinat de militants extrémistes recherchés, plutôt que leur capture, prive le renseignement américain et pakistanais d'informations de grande valeur. L'armée américaine a choisi d'intensifier les attaques de drones pour éviter d'envoyer des troupes au Pakistan ou de devoir compter sur les forces pakistanaises, soupçonnées de manquer parfois de zèle dans la lutte contre l'extrémisme. Mais, a souligné Peter Bergen, l'arrestation récente de hauts responsables des taliban pakistanais, y compris la capture à Karachi du mollah Abdul Ghani Baradar, laisse penser que l'attitude des autorités pakistanaise a peut-être changé à cet égard.