Le gouvernement irlandais est «très en colère» à la suite de l'utilisation de passeports irlandais falsifiés par le commando, indique-t-on à Dublin. La longue liste de suspects porteurs de passeports de cinq pays occidentaux dans le meurtre à Dubaï d'un cadre du Hamas témoigne de la complexité de l'enquête en cours, alors que la pression internationale sur Israël et ses services secrets augmente. Le gouvernement irlandais est «très en colère» à la suite de l'utilisation de passeports irlandais falsifiés par le commando, a déclaré jeudi le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin. «Nous sommes furieux parce que cela viole l'intégrité de notre système de passeports et met aussi en danger la sécurité de nos ressortissants», a ajouté M.Martin, lors d'une brève visite dans la bande de Ghaza. Mahmoud al-Mabhouh, considéré par Israël comme un maillon essentiel de la contrebande d'armes à destination de la bande de Ghaza contrôlée par le mouvement palestinien Hamas, a été retrouvé mort le 20 janvier dans un hôtel de Dubaï. La police de la ville-Emirat a mis en cause le Mossad israélien, mais les responsables israéliens affirment que rien ne prouve l'implication de leur service secret même si les médias de l'Etat hébreu laissent clairement entendre qu'il est bien responsable de ce crime. Elle n'a pas exclu d'ajouter de nouveaux suspects aux 26 membres présumés du commando, dont 12 sont selon elle porteurs de passeports britanniques, 6 de passeports irlandais, 4 de passeports français, 3 de passeports australiens et un de passeport allemand. Trois Palestiniens sont également interrogés dans cette affaire, a affirmé une source à la police de Dubaï, citée par le quotidien Al-Ittihad. La police, disposant de gros moyens de surveillance électronique, a publié les photographies des 26 suspects, telles que figurant sur ce qu'elle a présenté comme des vrais faux passeports. Selon elle, les passeports sont authentiques et les suspects en ont fait une utilisation frauduleuse par usurpation d'identité. Ce qu'ont confirmé les médias israéliens. A Paris, le Quai d'Orsay a affirmé que les trois passeports français «apparaissent manifestement falsifiés». Il «y aurait eu usurpation d'identité de citoyens français». L'Emirat a en outre fait appel à Interpol qui a annoncé avoir émis des «notices rouges à l'encontre de onze individus internationalement recherchés» pour ce meurtre. Elle a précisé que les 15 nouveaux suspects étaient arrivés à Dubaï en provenance de six villes européennes et de Hong Kong, et que 14 suspects avaient utilisé, pendant leur séjour à Dubaï, des cartes de crédit délivrées par une seule banque, META Bank, une institution financière américaine. Une enquête est également en cours en Autriche sur l'utilisation éventuelle par le commando israélien de cartes SIM et de numéros de téléphones portables autrichiens. Dans le même temps, la pression s'accentue sur Israël, l'Australie ayant convoqué l'ambassadeur israélien pour lui demander des explications sur l'utilisation de passeports australiens par le commando. «Si des passeports australiens sont utilisés ou falsifiés par un quelconque Etat, surtout si c'est avec l'objectif d'assassiner, cela nous inquiète profondément et nous allons maintenant tirer les choses au clair», a dit le chef du gouvernement Kevin Rudd. L'Union européenne a désapprouvé l'assassinat du cadre du Hamas, mais sans mettre en cause directement Israël et en concentrant ses critiques sur l'utilisation de passeports européens. Pour prévenir de tels incidents à l'avenir, le quotidien Gulf News de Dubaï a appelé les autorités à «reconsidérer» la politique d'exemption de visas d'entrée pour les Européens, proposant de systématiser les prises d'empreintes digitales de tous les visiteurs.