Londres, Dublin, Paris et Berlin ont demandé des explications sur les passeports de leurs pays dont étaient porteurs les onze membres présumés du commando qui a assassiné, le 20 janvier à Dubaï, Raouf Al-Mabhouh. La pression sur Israël montait jeudi dans l'affaire de l'assassinat d'un cadre du Hamas à Dubaï, avec la convocation des ambassadeurs israéliens dans quatre pays d'Europe et des avis de recherche d'Interpol contre les membres présumés du commando, soupçonnés d'appartenir au Mossad. Londres, Dublin, Paris et Berlin ont demandé des explications sur les passeports de leurs pays dont étaient porteurs les onze membres présumés (dix hommes et une femme) du commando qui a assassiné, le 20 janvier dans un hôtel de Dubaï, Mahmoud Abdel Raouf Al-Mabhouh, un des fondateurs de la branche armée du Hamas, accusé par Israël d'être derrière un trafic d'armes iraniennes vers Ghaza. Mais, tout comme le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman s'était refusé mercredi à démentir ou confirmer l'implication du service secret israélien, ses diplomates ont assuré ne pouvoir «apporter des informations complémentaires», comme l'ambassadeur à Londres, ou «ne rien savoir de cet événement», comme celui de Dublin. Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband a dit «espérer et attendre» qu'Israël «coopère pleinement avec l'enquête» annoncée la veille par le Premier ministre Gordon Brown. M.Miliband aura d'ailleurs l'occasion lundi de rencontrer M.Lieberman, qui sera à Bruxelles, où il rencontrera plusieurs de ses homologues européens. La police de Dubaï a révélé que les membres du commando détenaient six passeports britanniques -dont plusieurs à l'identité de bi-nationaux vivant en Israël-, trois passeports irlandais, un français et un allemand. Cinq faux passeports irlandais, et non trois comme indiqué précédemment, ont été utilisés, a, quant à lui, annoncé jeudi soir le ministère irlandais des Affaires étrangères. Un porte-parole du ministère a expliqué que de nouvelles informations transmises à Dublin par les autorités de Dubaï faisaient état de l'utilisation de deux autres faux passeports irlandais, en sus des trois déjà mentionnés. Selon la presse israélienne, le commando a vraisemblablement usurpé l'identité d'au moins sept Israéliens détenteurs de nationalités étrangères, dont plusieurs ont déclaré depuis n'avoir aucun lien avec l'opération et tomber des nues. Le chef de la police de Dubaï, Dhahi Khalfan, s'est dit dans des déclarations publiées jeudi «certain à 99%, sinon à 100% que le Mossad est derrière l'assassinat». Après les photos et enregistrements de caméras de surveillance de l'hôtel déjà diffusés, le général Khalfan a assuré que ses services dévoileraient «dans les prochains jours de nouveaux indices (qui) lèveront tous les doutes». Et il a demandé sur la télévision nationale que Méir Dagan, chef du Mossad, soit arrêté si le service israélien était bien impliqué. Tous les services secrets israéliens sont directement liés au Bureau du chef du gouvernement, qui doit donner son aval à leurs «missions spéciales». Saisie par Dubaï, Interpol, l'organisation de coopération policière internationale, a annoncé avoir émis vers ses 188 pays membres des avis de recherche pour extradition contre les onze suspects, soulignant elle aussi avoir «des raisons de penser que les suspects liés à ce meurtre ont usurpé les identités de personnes existantes». Dans un autre rebondissement, un responsable des services de sécurité de l'Autorité palestinienne a estimé que les tueurs auraient pu bénéficier de complicités internes au Hamas. «Nous avons des informations étayées selon lesquelles Nehru Massoud, un responsable de haut rang des brigades al-Qassam (la branche armée du Hamas) a été arrêté en Syrie ces derniers jours» en rapport avec l'affaire, a déclaré cette source sous couvert de l'anonymat. Toujours selon la même source, Nehru Massoud se trouvait à Dubaï le jour de l'assassinat de Mabhouh avant de quitter le pays, le lendemain pour la Syrie. Les deux hommes s'étaient récemment rendus au Soudan, a-t-elle ajouté. Un porte-parole en Syrie du Hamas, qui est à couteaux tirés avec l'Autorité palestinienne, a démenti l'arrestation, la qualifiant de «mensonge». Deux Palestiniens sont déjà détenus à Dubaï dans le cadre de l'enquête, dont l'un pour avoir eu un contact direct avec un membre du commando. Selon la même source à l'Autorité palestinienne et d'autres sources, côté Hamas, il s'agit d'anciens officiers de sécurité de l'Autorité palestinienne.