Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan monte au créneau dans l'affaire du complot des officiers, mettant en garde l'armée. «Personne n'est au-dessus des lois», a-t-il déclaré. La sortie de Erdogan survient au moment où dix-huit nouveaux militaires sont interpellés dans le cadre de l'enquête pour complot contre le gouvernement en 2003. Cette enquête qui suscite une crise politique dans le pays a déjà débouché sur des poursuites à l'encontre de 31 personnes. Le chef du gouvernement s'est montré particulièrement ferme en excluant toute impunité dans le cadre de cette affaire qui a provoqué une grave crise de pouvoir. «Ceux qui préparent des plans en secret pour écraser la volonté du peuple doivent se rendre compte qu'à partir de maintenant, ils devront affronter la justice, personne ne peut jouir de l'impunité», a déclaré Erdogan. La presse fait état de nouvelles arrestations. Parmi les 18 nouvelles arrestations opérées dans le cadre d'une opération menée dans 13 provinces figure le chef des forces paramilitaires de la province de Konya. Un tribunal turc a ordonné la détention de onze nouveaux suspects dans l'affaire, portant le total des personnes impliquées à 31. Neuf officiers d'active, dont deux amiraux, et deux militaires à la retraite, dont un général, se trouvent dans le groupe placé en détention préventive. La crise induite par l'affaire a été assimilée à une véritable guerre de pouvoir en Turquie. Le Premier ministre a dû intervenir pour développer la position du gouvernement. Erdogan a balayé les critiques de l'opposition selon lesquelles l'AKP devenait de plus en plus autoritaire. L'armée est considérée comme le garant de la laïcité en Turquie. Les plus hauts gradés du complot présumé, notamment les ex-chefs de la marine et de l'aviation, avaient été libérés jeudi dernier sur ordre du parquet après interrogatoire. Leur remise en liberté est intervenue après une importante réunion des dirigeants civils et militaires turcs dans une tentative apparente d'apaiser les tensions. Mais l'enquête judiciaire semble suivre son cours. Des procureurs d'Istanbul, instruisant plusieurs dossiers de conspiration, avaient procédé lundi à un coup de filet inédit contre une partie de l'élite militaire. Plus d'une quarantaine d'officiers ont été ciblés. Le projet de coup d'Etat présumé aurait été préparé en 2003 au sein du corps d'armée à Istanbul. Le début du complot est situé dans le temps après l'arrivée au pouvoir en 2002 de l'AKP, un parti qui dérange pour sa sensibilité islamiste. Le parti avait joué un rôle prépondérant dans la campagne lancée par les militaires en 1997. Cette campagne avait abouti à la démission du premier chef de gouvernement de l'époque, Necmettin Erbakan. Les premières informations à propos de l'affaire qui secoue le landernau politique turc avaient été publiées en janvier par le journal Taraf, qui cible régulièrement les forces armées. Le complot incriminé visait, selon la justice, à semer le chaos en Turquie en provoquant des attentats spectaculaires dans le but de mettre à mal le parti au pouvoir et de le décrédibiliser aux yeux de l'étranger. M. B.