Le droit international évolue pour intégrer le colonialisme comme une entreprise de destruction et de déstructuration. Le colonialisme est-il un crime contre l'humanité? «Affirmatif», soutient le conseiller à la présidence de la République et ex-président de l'Observatoire national des droits de l'homme (Ondh) Mohamed Kamel Rezzag Bara. S'exprimant au cours d'un hommage rendu à Me Nicole Dreyfus, membre du collectif des défenses des militants FLN, pendant la guerre d'indépendance, organisé par le département d'histoire de l'université de Bouzaréah (Alger), M.Rezzag Bara soutient que, «les accords d'Evian ne peuvent pas effacer les crimes commis pendant la guerre par l'armée française contre la population algérienne.» Il considère que ce sont des «crimes contre l'humanité» et à ce titre «imprescriptibles.» Il a expliqué que «l'absence de procès contre les crimes coloniaux et la poursuite de leurs auteurs devant les juridictions nationales et internationales, est due au fait que le colonialisme n'est pas considéré comme un crime contre l'humanité dans le droit international». Dans ce sens, M.Rezzag Bara soutient que «le droit international évolue pour intégrer le colonialisme comme une entreprise de destruction et de déstructuration menée contre tout un peuple afin qu'il soit (juridiquement) qualifié comme un crime contre l'humanité, au même titre que l'esclavagisme, l'apartheid ou encore le génocide». Pour lui, cette évolution n'est possible que si «les Etats dépassent un certain confort» pour aller vers des «consensus universels» qui serviraient de base à une déclaration des Nations unie assimilant le colonialisme à un crime contre l'humanité. M.Rezzag Bara a rappelé que Nicole Dreyfus appartenait à cette mouvance constituée d'avocats, de juristes et autres intellectuels français qui tentaient de forcer l'Etat français à reconnaître les crimes commis en Algérie pendant la colonisation. A ce titre, elle avait été sollicitée en compagnie de Maurice Manville, autre figure connue du collectif de défense des militants FLN par la Fondation de 8 Mai 1945 pour engager une plainte contre Maurice Papon (ancien ministre et ex-préfet français) pour ses responsabilités dans les massacres des manifestants algériens, le 17 octobre 1961 à Paris. La plainte a été rejetée par la chambre d'accusation qui avait invoqué les accords d'Evian. En 2000, Nicole Dreyfus signe, aux côtés de onze autres personnalités françaises, dont la sociologue Germaine Tillon, l'historien Pierre Vidal-Naquet et le mathématicien Laurent Schwartz, une tribune demandant au président Chirac, et à son Premier ministre, Lionel Jospin, de condamner la torture pendant la guerre d'Algérie.