Le théâtre algérien ne sortira pas de son marasme tant qu'il existe des gens qui l'utilisent à des fins idéologiques. La bête de la scène, Sonia, nous revient avec une nouvelle production, Bla Zaâf (sans se fâcher), d'après un texte de Nadjet Taibouni et dont la générale a été donnée mercredi dernier, à la salle El Mougar. Ainsi et après «Hadria oua el Haouès» avec Mustapha Ayad, «Nuit de divorce» et «Les saltimbanques» avec Rachid Farès, Sonia signe sa quatrième pièce comme metteur en scène. Bla Zaâf est un «état des lieux de la condition féminine, un constat sans complaisance qui passe en revue les contradictions de la société algérienne à travers le vécu antagonique hommes- dans le rapport à la famille, à l'éducation et au travail autour des dogmes et des interdits érigés en règle par le code de la famille depuis 20 ans.» En effet, autour d'une grand-mère, gardienne des valeurs, qui, au nom de la fatalité et du mektoub, vit enfermée dans son monde machiste, six jeunes (3 filles et 3 garçons) tournent en dérision la situation de la femme algérienne. On peut penser que la pièce, avec son caractère quelque peu militant, pourrait être commandité, d'autant plus qu'elle tombe au moment où les associations féministes demandent la révision du code de la famille. Les producteurs étant deux associations féminines, à savoir Rafd et en communication, veulent faire passer leur message à travers le théâtre. Elles veulent sensibiliser la société sur le droit des et cela à travers les médias (émissions radiophoniques) et l'art (théâtre). L'idée est bonne, mais est-elle suffisante pour faire entendre la voix des féministes? Une chose est certaine, l'homme algérien est très loin de ce que les protagonistes de «Bla Zaâf» ont voulu montrer. Personne ne pourra contester le caractère misogyne de la pièce. Sonia a affirmé, lors de la conférence de presse de lundi dernier, qu'elle avait accepté la proposition de deux associations féminines pour prendre en charge ce projet parce que convaincue de la justesse de la cause défendue. Rappelons toutefois que Bla Zaâf a été subventionnée par l'Union européenne et entre dans le projet de Meda.