M.Abbas avait informé le chef de la Ligue arabe qu'il ne retournerait pas à la table des négociations avec Israël sans l'annulation du projet de construction de 1600 logements à Jérusalem-Est. Les perspectives de relance du processus de paix se sont éloignées jeudi avec la décision du président palestinien Mahmoud Abbas de ne pas renouer le dialogue avec Israël sans un gel complet de la colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée. M.Abbas a posé cette condition après le feu vert d'Israël à la construction de 1600 logements dans un quartier juif de Jérusalem-est occupée décision qui a provoqué la colère des Palestiniens et déclenché une crise diplomatique avec les Etats-Unis. Devant les protestations internationales, en particulier de Washington, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a présenté jeudi ses «regrets» (de pure forme estiment les observateurs) au vice-président américain Joe Biden, en visite officielle en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. «Le Premier ministre a parlé au vice-président Biden et a exprimé ses regrets pour le moment malheureux» de l'annonce israélienne, a indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre. Le vice-président américain a pris acte. Toutefois, l'Autorité palestinienne opposé une fin de non recevoir à la déclaration de regrets d'Israël. «Le communiqué (israélien) est inacceptable parce qu'il parle d'une erreur de calendrier et non d'une erreur sur le fond, qui est la poursuite de la colonisation», a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat. «Toutes les décisions concernant les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est doivent être annulées», a insisté M.Erakat. La crise est d'autant plus aiguë que les Etats-Unis venaient d'arracher un accord pour des négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens via leur envoyé spécial George Mitchell. Le président Abbas «attend que M.Mitchell revienne dans la région la semaine prochaine pour nous dire que la décision (de construire à Jérusalem-Est) a été annulée», a précisé M.Erakat. De leur côté, les Etats-Unis ont affirmé qu'à leur connaissance «rien n'indique» un retrait des Palestiniens des négociations. «Nous n'avons rien entendu indiquant qu'ils se sont retirés», a déclaré Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine. M.Abbas avait informé, dès mercredi, le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, qu'il ne retournerait pas à la table des négociations avec Israël sans l'annulation du projet de construction de 1600 logements à Jérusalem-Est. La Ligue arabe a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi qu'il n'y aurait pas de négociations directes ou indirectes entre Israël et les Palestiniens «sans un arrêt des mesures israéliennes prises» en vue de la construction de ces 1600 logements. «Notre position est claire: il ne peut pas y avoir des négociations directes ou indirectes si les récentes décisions israéliennes (concernant la colonisation) ne sont pas annulées», a souligné M.Moussa à l'issue d'une réunion d'urgence du comité arabe de suivi du processus de paix au Caire. Une nouvelle réunion du comité sera convoquée rapidement «si dans les deux ou trois jours qui viennent rien n'est fait» pour annuler la décision israélienne, a précisé M.Moussa. En Israël même, l'affaire a suscité de vives tensions au sein de la coalition de M.Netanyahu. «Il est de plus en plus difficile pour nous, les Travaillistes, de continuer à siéger dans ce gouvernement», a menacé le ministre de l'Agriculture Shalom Simhon. M.Simhon a souligné que le Parti travailliste - dirigé par l'influent ministre de la Défense Ehud Barak et qui compte 13 députés sur un total de 120 à la Knesset - avait rallié il y a un an le gouvernement de droite de M.Netanyahu précisément «pour relancer le processus de paix avec les Palestiniens».