En novembre dernier, le président brésilien avait déjà accueilli successivement à Brasilia ses homologues israélien Shimon Peres, palestinien Mahmoud Abbas et iranien Mahmoud Ahmadinejad. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva effectue la semaine prochaine une délicate visite au Proche-Orient où il tentera de favoriser les négociations de paix israélo-palestinienne et prônera le dialogue avec l'Iran, un sujet de désaccord majeur avec Israël. Cette première visite d'un chef de l'Etat brésilien en Israël, dans les Territoires occupés et en Jordanie, de lundi à jeudi, intervient après l'annonce par Israël de sa volonté de bâtir 1600 logements dans Jérusalem-est annexée. Le Brésil a condamné cette décision controversée qui a donné un nouveau coup d'arrêt à la relance du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, suspendu depuis la guerre de Ghaza, en décembre 2008. Mais le principal différend avec Israël devrait être la question nucléaire iranienne, jugée comme la menace la plus sérieuse par l'Etat hébreu. En recevant la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton la semaine dernière, Lula, qui s'oppose à de nouvelles sanctions contre Téhéran, avait affirmé qu'il ne fallait pas «mettre l'Iran le dos au mur». Dans une interview à plusieurs médias dont le quotidien israélien Haaretz publiée vendredi, Lula enfonce le clou. «On doit éviter de faire en Iran ce qu'on a fait en Irak. Et avant toute sanction, on doit tout faire pour favoriser la paix au Proche-Orient. D'où ma visite en Israël, en Palestine et en Jordanie et la raison de ma visite en Iran au mois de mai». En novembre dernier, Lula avait déjà accueilli successivement à Brasilia les présidents israélien Shimon Peres, palestinien Mahmoud Abbas et iranien Mahmoud Ahmadinejad. «Je crois qu'à travers le dialogue, nous pourrons résoudre tous les conflits qui paraissent aujourd'hui insolubles», a ajouté le président brésilien dont le pays siège comme membre non-permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Israël, comme les Occidentaux, soupçonne l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme civil et prône un durcissement des sanctions internationales. L'Etat hébreu n'exclut pas non plus des frappes militaires. Dans sa tournée au Proche-Orient, le président Lula «fera part de l'intérêt du Brésil de participer au processus de paix», a déclaré le porte-parole de la présidence, Marcelo Baumbach. Ce voyage représente l'effort le plus visible du Brésil pour devenir un acteur dans les négociations, même si cette ambition a déjà été écartée par Israël. Lundi, Lula rencontrera à Jérusalem le président Shimon Peres, le Premier ministre Benjamin Netanhayu et la dirigeante de l'opposition, l'ex-chef de la diplomatie Tzipi Livni. Il rencontrera aussi le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas et le Premier ministre palestinien Salam Fayyad. Il est prévu qu'il passe la nuit à Bethléem avant de se rendre à Ramallah. En Israël, Lula devrait condamner l'extension des colonies israéliennes, tandis qu'il devrait redire aux Palestiniens son soutien à la solution des deux Etats. Pour l'analyste politique David Fleischer, de l'Université de Brasilia, il est encore difficile de savoir si les pays traditionnellement influents dans la région accepteront de faire une place au Brésil. «L'Egypte a beaucoup d'influence dans cette région, ainsi que plusieurs pays européens et les Etats-Unis et ce sont eux qui décident de la façon de négocier», a-t-il dit.