Les organisateurs ont choisi la date anniversaire de son assassinat pour lancer en avant-première Mouloud Feraoun, le film documentaire réalisé par Ali Mouzaoui. Il s'agira, de ce fait, de la première production qui sera présentée dans le cadre de la dixième édition du Festival national du film amazigh qui s'étalera jusqu'au 20 du mois en cours à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Le documentaire a été réalisé avec le soutien du ministère de la Culture et de l'Office national des droits d'auteur. Le réalisateur Ali Mouzaoui a déjà été derrière une production du genre sur Mouloud Mammeri. Selon Ali Mouzaoui, Mouloud Feraoun est un documentaire consacré à la vie et à l'oeuvre de l'écrivain - une vie émouvante, faite d'efforts, une oeuvre enracinée dans un humanisme profond. Conçu selon une linéarité rigoureuse, Mouloud Feraoun est un patchwork où se mêlent reconstitution d'époques, documents iconographiques inédits et archives filmiques. «Formé à l'Ecole française aux idéaux utopiques, préparé à une carrière d'éducateur brillant, Feraoun perd progressivement ses illusions, à mesure que se noue le drame algérien. Loin du renoncement aux idées nouvelles, au progrès et au savoir, l'auteur du Fils du pauvre s'attelle à la reconstitution d'une identité déformée par un regard exotique et extérieur. Tandis qu'il opère la remise en cause d'une réalité injuste, Feraoun exhume des héros lointains auxquels il amarre un pays aux valeurs authentiques», ajoute Ali Mouzaoui qui estime aussi que la lucidité d'intellectuel intransigeant et honnête de Mouloud Feraoun devance les visions guerrières de ceux qui ont voulu faire le procès des écrivains algériens parce que «pas suffisamment engagés». Tout au long de ce document, nous découvrons un auteur qui porte les grandes valeurs de l'Homme universel. C'est au nom de l'homme que Feraoun se dresse contre les injustices. C'est au nom de l'homme qu'il est tourmenté par la guerre. Feraoun est «un créateur solitaire qui souffre jusqu'à souhaiter une folie libératrice», explique Ali Mouzaoui. Pour ce dernier, c'est à travers ses écrits que se dessine le portrait d'un auteur modeste et discret, d'un écrivain talentueux aux convictions courageuses. «Le plus souvent, je l'ai laissé parler de lui avec des mots simples et justes. J'ai repris ses moments d'espoir, comme ses instants de tourmente, ses rêves et ses peurs», enchaîne le réalisateur qui rappelle: «Durant toutes mes recherches, s'est imposé à moi un Mouloud Feraoun généreux et bon qui n'a pas cessé de mettre à nu un système colonial inhumain et honteux. Sa voix nette et sans détour, répercute le cri d'un peuple dont il ne s'est jamais séparé. Mouloud Feraoun était bon jusqu'à faire don de soi au printemps de notre indépendance», conclut-il. La durée de ce documentaire est de 52 minutes. Il a été réalisé dans trois versions: kabyle, française et arabe. Ali Mouzaoui est né en 1954 dans la wilaya de Tizi Ouzou. De 1971 à 1973, il a poursuivi une formation d'assistant réalisateur puis, de 1980 à 1987 une autre formation de metteur en scène dans la section film d'art, dans l'ex-Urss. Durant la même période, il a été réalisateur à la Télévision algérienne. Il a été l'auteur de plusieurs documentaires comme: Cicatrices, Architecture traditionnelle, Barberousse, mes soeurs et d'un long métrage intitulé: Début de saison. De 1987 à 1995, Ali Mouzaoui était réalisateur à l'Entreprise de production audiovisuelle algérienne. Il a réalisé: Dda L'Mouloud, documentaire consacré à la vie et à l'oeuvre de Mouloud Mammeri, la série Ombres et mémoire, la fiction Les Piments rouges ainsi que Portrait de paysagiste, une fiction qui a été sélectionnée au Festival de Carthage. Dès 1995, Ali Mouzaoui fait cavalier seul puisqu'il devient réalisateur indépendant et participe en tant que conseiller artistique au film La Colline oubliée. Il réalise les documentaires, Je suis Chrétien, Ahellil du Gourara, Le bijou des Ath Yanni. Il publie un roman chez l'Harmattan en 2005: Thirga au bout du monde. Ali Mouzaoui a été formateur de plusieurs promotions d'assistants réalisateurs, d'opérateurs de prises de vues, de monteurs pour le compte de l'Entv et formateur à l'Ismas (Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel et des arts du spectacle). Son dernier long métrage est un film de fiction intitulé: Mimezrane, la fille aux tresses, réalisé dans le cadre «Alger, capitale de la culture arabe 2007». Le film a obtenu le Prix du jury du Festival du film amazigh de Sétif, le Prix du meilleur film et Prix du meilleur scénario au Festival d'Agadir. Le même film a été sélectionné au Festival du film d'Alexandrie et au Festival du film arabe.