«Pas moins de 35.000 cas de cancers tous types confondus sont enregistrés chaque année en Algérie», a affirmé hier, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat, à l'Assemblée populaire nationale, en marge des travaux de la Journée parlementaire sur la lutte contre le cancer. 9000 cas parmi le nombre global diagnostiqué chaque année sont des femmes répertoriées dans la pathologie du cancer du sein. En outre, 1900 cas de cancer de l'utérus sont enregistrés chaque année dont l'âge médian est de 53 ans. Le cancer du poumon représente un taux de 15% de la totalité des cas diagnostiqués. Selon les spécialistes, les cancers du poumon, de la vessie, du colon rectum et de l'appareil digestif sont beaucoup plus liés au tabagisme. La pathologie du cancer a connu une augmentation très importante en Algérie, selon les professeurs ayant pris part à la journée d'hier, entrant dans la cadre de la préparation de la Conférence nationale sur le programme de lutte contre le cancer. Le cancer du sein, du colon rectum, du poumon et du col de l'utérus sont les plus fréquents, feront-ils savoir. En 2009, plus de 39.000 nouveaux cas de cancer ont été recensés, a déclaré le Pr Doudja Hamouda, chercheuse à l'Institut national de santé publique. Celui-ci a indiqué que 20.800 cas de cancer ont été diagnostiqués chez les femmes en 2009 et 18.600 cas chez les hommes. Le cancer, a-t-elle ajouté, a sensiblement augmenté ces dernières années passant de 80 cas pour 100.000 habitants en 1993 à 120 cas pour 100.000 habitants en 2007 avec une prévalence chez les femmes. L'ascension de la courbe d'ascendance est très importante et n'est pas conjoncturelle, souligne-t-on. Cette tendance lourde est liée à l'allongement de l'espérance de vie. Aussi est-il relevé que le système de santé doit s'adapter pour améliorer la qualité des investigations en privilégiant le diagnostic précoce et la prévention primaire, indiquent les mêmes professeurs. L'objectif principal de la prise en charge est la diminution de la mortalité par le cancer en améliorant le taux de guérison, s'accordent à dire les intervenants. Cependant, les spécialistes déplorent l'inégalité dans l'accès aux structures de soin. Citant une enquête réalisée en 2002, les intervenants révèlent que «le délai et le protocole inhérents à la prise en charge, représentant 80% du diagnostic, prennent 143 jours». Ce qui est excessif, soulignent-ils. Précisant encore que «35% des protocoles n'étaient pas respectés». La désorganisation de la prise en charge est due au déficit en structures de soins et la vétusté de celles existant dont la plupart héritées de la période coloniale. Actuellement, l'Algérie dispose de 5 centres seulement. Néanmoins, selon le ministre, «14 nouveaux centres dont 6 en voie de réalisation verront le jour d'ici 2014». Par ailleurs, interrogé sur la grève des praticiens, le ministre s'est rétracté par rapport à ces déclarations d'avant-hier, faites à propos des retombées de la grève des médecins. «13.000 cancéreux attendent des soins», avait-il déclaré hier. «Il s'avère que ces derniers sont en instance», explique le même responsable.