Les prises d'otageS européens par les terroristes de l'Aqmi (Al Qaîda au Maghreb islamique), vont transformer les camps de réfugiés de Tindouf en un terreau pour la nébuleuse Al Qaîda. C'est le message qu'a voulu faire passer lundi dernier l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Organisation des Nations unies à Genève. Pour éviter de répondre à la question récurrente des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental et à la véritable chasse à l'homme qui est actuellement menée dans les villes rebelles de Dakhla et d'El Aâyoune, Rabat tente de focaliser l'attention de la communauté internationale sur les camps de réfugiés de Tindouf. Une situation dont il porte l'entière responsabilité historique autour de laquelle est tissé un tissu de mensonges et sont élaborés des mises en scène et des scénarios d'où sont propagés, distillés, des discours de propagande destinés à la consommation interne et externe. La désinformation est devenue une spécialité marocaine. Les Sahraouis des camps de Tindouf seraient donc de potentiels et vulgaires terroristes qui adhéreraient, les yeux fermés, à une nébuleuse terroriste pour laisser tomber le combat le plus noble que puisse mener un peuple colonisé: son indépendance. Voilà ce que revendiquent les réfugiés sahraouis des camps de Tindouf, ce que veulent faire entendre les cris opprimés, étouffés, des populations sahraouies de Dakhla, d'El Aâyoune...Voilà ce que le Maroc tente de faire oublier à une communauté internationale de plus en plus remontée et outrée par les violentes répressions exercées contre elles par les forces d'occupation du Royaume. Le diplomate marocain n'a pas eu froid aux yeux en évoquant le risque de déstabilisation auquel la situation dans les camps de Tindouf expose la région. «Les derniers enlèvements de ressortissants européens par les terroristes de l'Aqmi (Al Qaîda dans le Maghreb islamique) ont confirmé les inquiétudes du Maroc que le désespoir dans les camps, les violations des droits de l'homme et l'absence de l'autorité du pays hôte allaient transformer ces camps en un terreau pour la nébuleuse Al Qaida», a déclaré Omar Hilale, selon une dépêche répercutée par l'agence de presse officielle marocaine Map. «C'est pourquoi le Maroc dénonce l'attitude irresponsable de l'Algérie qui, pour mettre en oeuvre son agenda hégémonique sur la région, met en péril la paix et la sécurité régionales et internationales», a ajouté l'ambassadeur marocain qui avait pris la parole à l'occasion de la tenue de la 13e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève. Où se trouvaient les responsables marocains lorsque la voix de l'Algérie s'est élevée pour protester contre le marché conclu entre Paris et les terroristes d'Al Qaîda pour faire libérer Pierre Camatte, l'otage français détenu au Mali? C'était le moment propice pour Rabat de montrer sa bonne foi et sa solidarité envers les peuples du Maghreb et algérien en particulier, qui a mené une lutte implacable contre les hordes terroristes. La capitale marocaine a préféré se taire en échange du soutien que lui apporte Paris dans le conflit du Sahara occidental. L'oppression et la colonisation du peuple sahraoui sont ses préoccupations de l'heure. Il est vrai que dans ce domaine, la France a un passé qui peut servir d'exemple. Le Maroc peut se révéler comme étant un élève surdoué en la matière. En ce sens, la déclaration du président de la Rasd sonne comme un témoignage qui en dit long sur les souffrances endurées par son peuple depuis trente-cinq ans. Elle résume à elle seule tout son drame et la responsabilité historique des autorités marocaines dans ce conflit. «Le Maroc a non seulement violé les exigences du droit international en occupant par la force le Sahara occidental, le 31 octobre 1975, alors que sa présence aujourd'hui est une présence illégale en tant que puissance occupante, mais il persiste également dans la violation du droit international humanitaire et de l'Organisation des nations unies par rapport aux pays et aux peuples coloniaux, comme le Sahara occidental», a tenu à rappeler Mohamed Abdelaziz dans un message adressé à l'Union européenne. Il l'exhorte à intervenir afin de parvenir à l'organisation d'un référendum d'autodétermination qui puisse permettre au peuple sahraoui de se prononcer librement quant à son avenir. En revenant à l'actualité et au problème de la sécurité dans la région, Rabat s'est soudainement offusqué de ne pas avoir été invité à la conférence d'Alger sur la sécurité au Sahel. Une position qui déconcerte. Peut-on, en effet, accuser un pays voisin de vouloir déstabiliser son propre territoire, puis lui proposer sa contribution dans le cadre de la lutte contre le terrorisme? Lors de l'affaire de la militante des droits de l'homme, Aminatou Haïdar, qui avait été expulsée vers l'île de Lanzarote aux Canaries et qui n'est rentrée chez elle à El Aâyoune qu'après une grève de la faim de plus d'un mois et une mobilisation sans précédent de la communauté internationale, Khalid Naciri n'a pas mâché ses mots. «Un complot systématique, méthodique, ourdi par l'Algérie», avait accusé le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain. Comment vouloir après, s'asseoir à la même table comme si de rien n'était? Rabat n'est certainement pas à une inconséquence près et Alger est loin d'avoir la mémoire courte.