L'exécution de l'otage britannique marque une radicalisation de ce mouvement. Abou Qatada,, un islamiste radical détenu en Grande-Bretagne depuis 2005 et présenté par les autorités britanniques comme le bras droit d'Oussama Ben Laden en Europe, ne sera pas libéré. La Grande-Bretagne n'a pas cédé au chantage. En contrepartie, Al Qaîda a mis à exécution ses menaces. Détenu depuis le 22 janvier dernier, Edwin Dyer, citoyen britannique, a été lâchement exécuté. C'est la première exécution d'un otage occidental depuis 2003. Les activistes d'Al Qaîda font de plus en plus parler d'eux au Sahara. Ils opèrent dans une immense zone grise sahélo-saharienne qui part de l'est de la Mauritanie et englobe le nord du Mali et du Niger est, une partie du Sahara algérien. Ainsi, pour la première fois depuis qu'il a prêté allégeance à Al Qaîda mère en septembre 2007, la nébuleuse d'Al Qaîda au Maghreb islamique Aqmi exécute un otage occidental à l'expiration de deux ultimatums simultanés. L'annonce en a été faite, mercredi 3 juin, sur un site islamiste avant d'être confirmée par des experts de la lutte antiterroriste. La victime, Edwin Dyer, ingénieur britannique âgé de 60 ans, était en capture depuis le 22 janvier avec plusieurs autres personnes dans l'extrême nord-est du Mali et du Niger. Il a été exécuté par Aqmi le 3 juin dernier après une longue séquestration. Cette période est marquée, notamment par deux ultimatums lancés par Al Qaîda en direction des autorités britanniques. Même si les effectifs de l'Aqmi ne dépasseraient pas quelques centaines d'hommes, selon les services de renseignements, ils agissent en toute impunité tout en ayant des liens très étroits avec les contrebandiers, les rebelles et différents gangs du crime organisé. Les forces armées locales ne disposent pas de moyens humains et matériels à même de les combattre avec efficacité. Le groupe islamiste dirigé par Abdehamid Abou Zeid, auteur de l'exécution, détient toujours le Suisse Werner Greiner. Les inquiétudes à son sujet sont d'autant plus vives que le chef du groupe de l'Aqmi a été décrit par l'un des négociateurs maliens comme un homme «brutal et violent». Il s'agirait d'un Algérien, Abdelhamid Abou Zeid, un proche de l'ex-émir du Groupe salafiste pour la prédication et le combat Gspc, devenu en 2007 l'Aqmi. Mais, le timing de cette exécution laisse croire que l'Aqmi a voulu lancer un message clair au monde. L'exécution a eu lieu la veille de la visite hautement significative en Arabie Saoudite du président américain, Barack Obama, et de son discours au Caire. D'ailleurs, l'Aqmi a mis à exécution ses menaces au moment où Osama Ben Laden accusait et menaçait le président américain dans une fatwa diffusée par la chaîne qatarie Al Jazeera. En outre, cette exécution met mal à l'aise le Mali car auparavant, les prises d'otages sur le sol malien s'étaient soldées par des happy-end, ce qui laisse croire que les précédentes libérations se sont faites contre payement de rançon. Cela permettait aux groupes terroristes de se renforcer en armements. Une chose est sûre, en tout cas, l'exécution de Dyer souligne la radicalisation du réseau salafiste. Mais en contrepartie, le groupe terroriste s'est mis en ligne de mire. Le Mali aussi.