Une vingtaine de pays non membres de l'OCI ainsi qu'une cinquantaine d'institutions internationales et organisations non gouvernementales ont également été invitées au Caire. Des donateurs réunis à l'initiative des pays musulmans vont tenter de réunir deux milliards de dollars pour la reconstruction du Darfour, province du Soudan en proie depuis 2003 à une guerre civile, lors d'une conférence qui doit se tenir aujourd'hui au Caire. La réunion est organisée sous les auspice de l'Organisation de la conférence islamique (OCI - 57 pays membres), et coprésidée par l'Egypte et la Turquie. Une vingtaine de pays non membres de l'OCI ainsi qu'une cinquantaine d'institutions internationales et organisations non gouvernementales ont également été invités. Ces 2 Mds USD, à recueillir sous forme de dons ou de prêts, correspondent au total des financements nécessaires pour une longue liste de projets élaborée en concertation avec Khartoum, dans les domaines de l'agriculture, de l'eau, de la santé, de l'éducation, entre autres. La conférence «vise à envoyer un message clair à la communauté internationale que le développement constitue un facteur-clé pour réaliser la paix et la stabilité au Darfour», selon un communiqué égyptien. Les organisateurs souhaitent aussi faire évoluer l'aide au Darfour, jusqu'à présent centrée sur l'humanitaire d'urgence, vers une assistance à plus long terme consacrée au développement et à la reconstruction. Les fonds pourront être soit versés directement, soit passer par l'OCI en coordination avec le gouvernement soudanais. Un suivi des projets doit être assuré au travers d'une structure de l'OCI. La conférence du Caire, prévue à un niveau ministériel, veut également inciter «tous les mouvements du Darfour à rejoindre les pourparlers de paix» engagés à Doha, souligne le communiqué. Ces pourparlers ont abouti jeudi à la signature d'un accord-cadre de paix entre les autorités soudanaises et une faction rebelle minoritaire du Darfour, le Mouvement de la libération pour la justice (MLJ). Un autre accord a été conclu il y a trois semaines avec un important groupe rebelle, le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), largement salué par la communauté internationale. Toutefois, une autre formation importante de la rébellion, l'Armée de libération du Soudan d'Abdelwahid Nour (SLA-Abdelwahid), refuse toujours de se joindre à ce processus. La conférence du Caire est organisée trois semaines avant les premières élections - législatives, régionales et présidentielle - multipartites soudanaises depuis 1986, prévues en principe du 11 au 13 avril. L'Egypte et de nombreux autres pays de l'OCI figurent parmi les meilleurs alliés du régime du président Omar El Bechir, candidat à sa propre succession et sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour. L'OCI elle-même a pris position contre ce mandat d'arrêt. En accueillant la conférence du Caire, l'Egypte entend aussi rehausser sa visibilité dans un dossier où elle est apparue, à l'inverse du Qatar, relativement effacée malgré sa proximité avec le Soudan. Le Darfour, vaste région de l'ouest soudanais, est en proie depuis 2003 à un conflit opposant des mouvements armés aux forces armées soudanaises appuyées par des milices locales. Le conflit a fait 300.000 morts selon les estimations de l'ONU, 10.000 d'après Khartoum, et 2,7 millions de déplacés.