Le Soudan est représenté par l'ex-rebelle darfouri et conseiller présidentiel, Minni Minnawi, ainsi que par des ministres et de hauts responsables. L'Egypte et la Turquie ont appelé hier des donateurs réunis au Caire à l'initiative des pays musulmans à apporter deux milliards de dollars pour la reconstruction de la province soudanaise du Darfour, en proie à un conflit sanglant depuis 2003. «Le problème du Darfour est principalement une question de développement. La clé est d'améliorer le développement et le niveau de vie pour le citoyen du Darfour», a déclaré le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, à l'ouverture de cette conférence. Son homologue turc, Ahmet Davutoglu,a souligné que la paix au Darfour «ne se réalisera pas seulement par le biais d'accords politiques, mais aussi à travers une assistance humanitaire et pour le développement» de cette région où jusqu'à 300.000 personnes sont mortes depuis le début du conflit selon l'ONU. Le Soudan est représenté par l'ex-rebelle darfouri et conseiller présidentiel,Minni Minnawi, ainsi que par des ministres et de hauts responsables. Une vingtaine de pays non membres de l'OCI ainsi qu'une cinquantaine d'institutions internationales et organisations non gouvernementales ont été invitées à cette conférence organisée par l'Organisation de la conférence islamique (OCI, 57 membres) et coprésidée par Le Caire et Ankara. De hauts diplomates sont venus de Washington et Paris, et l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki, président du panel de l'Union africaine (UA) sur la crise au Darfour était également présent. Des diplomates occidentaux à la réunion ont dit qu'ils ne feraient pas de promesses de dons. «Notre présence est un message politique», a précisé l'un d'eux sous le couvert de l'anonymat, affirmant que son pays ne donnerait pas d'argent en raison de «l'incertitude entourant la manière dont il sera utilisé ou le canal par lequel il passera». «Nous avons donné de l'argent par le passé par le biais de la Banque Mondiale, mais il y a toujours des difficultés dans le pays», a dit un autre diplomate sans plus de précisions. Les deux milliards de dollars que la conférence tentera de recueillir sous forme de dons ou de prêts correspondent au total des financements nécessaires pour une longue liste de projets élaborée en concertation avec Khartoum, dans les domaines de l'agriculture, de l'eau, de la santé ou de l'éducation. Les organisateurs souhaitent aussi faire évoluer l'aide au Darfour, jusqu'à présent centrée sur l'humanitaire et l'urgence, vers une assistance à plus long terme consacrée au développement et à la reconstruction. Les fonds pourront être soit versés directement, soit passer par l'OCI en coordination avec le gouvernement soudanais. Un suivi des projets doit être assuré au travers d'une structure de l'OCI. La conférence, qui se tient à trois semaines des premières élections générales multipartites soudanaises depuis 1986, entend également appuyer les pourparlers de paix engagés à Doha. Khartoum a signé jeudi un accord-cadre de paix avec une faction rebelle minoritaire du Darfour, le Mouvement de la libération pour la justice. Un autre accord a été conclu en février avec un important groupe rebelle, le Mouvement pour la justice et l'égalité. Mais une autre formation importante, l'Armée de libération du Soudan d'Abdelwahid Nour refuse de se joindre à ce processus. L'Egypte et plusieurs autres pays de l'OCI figurent parmi les meilleurs alliés du président soudanais Omar El Bechir, candidat à sa propre succession et sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour. L'OCI a pris position contre ce mandat d'arrêt.