Le Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, a maintenu hier son offre de dialogue avec les manifestants qui occupent Bangkok depuis huit jours pour obtenir son départ, indiquant qu'il accepterait de les rencontrer en personne sous certaines conditions. Samedi, Abhisit Vejjajiva avait annoncé avoir convaincu les «chemises rouges», partisans de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, de discuter avec deux de ses émissaires lundi (aujourd'hui) pour trouver une issue à la crise. Mais les leaders «rouges» avaient démenti l'accord quelques heures plus tard, affirmant qu'ils ne discuteraient qu'avec le chef du gouvernement en personne. «ça ne me pose pas de problème», a répondu Abhisit, hier, dans une émission de télévision hebdomadaire. «Ils peuvent me parler, mais avant d'en arriver là, ils doivent discuter avec mes représentants pour parler du contour des discussions et de leur organisation». Les «rouges» étaient 65.000 dans les rues de la capitale samedi, une affluence surprenante pour un mouvement qui semblait en déclin à la fin de la semaine et sur laquelle les responsables du mouvement veulent capitaliser. Abhisit a de nouveau accusé Thaksin, qui s'adresse à ses partisans tous les soirs par vidéo-conférence depuis Dubaï, d'être le principal obstacle aux discussions. «Il semble que Thaksin ne veut pas parler», a-t-il estimé. «Si (les rouges) viennent (discuter), cela voudra dire qu'ils veulent la démocratie. Sinon, c'est qu'ils font ce que Thaksin leur demande de faire». Les «rouges», majoritairement composés de masses rurales du nord et du nord-est du pays, affirment qu'Abhisit est au service des élites traditionnelles de Bangkok - palais royal, militaires, hauts fonctionnaires, magistrats - qui selon eux monopolisent le pouvoir et les richesses du pays. Thaksin a été chassé du pouvoir en 2006 par un coup d'Etat et demeure depuis au coeur de la vie politique thaïlandaise, adoré par les premiers et profondément haï par les seconds.