L'Espagne compte réconcilier politiquement l'Algérie et le Maroc lors de la réunion des «5+5» à Malte. Madrid a rouvert le dossier de la frontière algéro-marocaine. L'Espagne veut jouer au pompier en proposant une «réconciliation politique» entre l'Algérie et le Maroc. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Ángel Moratinos, envisage d'inscrire cette question au débat lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères des «5+5» prévue à Malte le 15 avril prochain. C'est ce qu'a rapporté le journal alquds alarabi, dans son édition électronique d'hier. Citant des sources diplomatiques espagnoles, le journal rapporte que l'Espagne souhaite que les deux pays affichent une volonté politique à même de régler un contentieux qui pénalise le développement de la région. Ainsi, sur proposition de Madrid, ce sujet serait débattu par les ministres des Affaires étrangères des pays de la rive Nord, à savoir l'Espagne, l'Italie, la France, le Portugal et Malte et leurs homologues des pays du Sud qui sont l'Algérie, le Maroc, la Mauritanie, la Tunisie et la Libye. L'initiative de Madrid ne s'arrête pas seulement au niveau des «5+5». Cette capitale souhaite inviter Paris et Washington aux débats afin de trouver une issue politique à ce problème. Quelles sont les réelles intentions de Madrid derrière une telle initiative? La même source évoque les intérêts économiques et politiques de la région. Il s'agit pour la diplomatie espagnole de la nécessité de résoudre un contentieux qui freine le développement des pays des deux rives. «La fermeture de la frontière algéro-marocaine empêche la coopération, dans plusieurs domaines, entre le Maghreb et les pays européens», rapporte le tabloïd londonien, citant une source de la diplomatie espagnole. Et de préciser que cette situation entraîne des préjudices politiques et économiques aussi bien aux deux pays concernés qu'à l'Union européenne. L'Espagne justifie sa démarche, selon la même source, par le fait qu'une solution à cette question ouvrira de nouvelles perspectives politiques et économiques pour la région. Sur le plan économique, Madrid soutient que la réouverture de la frontière entre les deux pays contribuera à l'amélioration de la coopération économique entre le Maghreb et l'UE. Au plan politique, la diplomatie espagnole estime qu'une issue à ce conflit aura des répercussions positives sur le règlement de la question du Sahara occidental. Autrement dit, l'Espagne estime que la réouverture de la frontière algéro-marocaine aura un impact positif dans le processus des négociations entre le Front Polisario et le Maroc. Cette initiative intervient au moment où de nombreux appels à la reprise des négociations entre le Polisario et le Maroc sont lancés. En outre, la position de l'Algérie concernant la réouverture de sa frontière ouest est connue. Il est utile de rappeler que la frontière terrestre entre le Maroc et l'Algérie a été fermée en 1994, après que le Maroc ait accusé l'Algérie d'avoir favorisé les attentats de Marrakech et imposé des visas aux citoyens algériens souhaitant se rendre au Maroc. Sur cette question, l'Algérie a affirmé à diverses reprises que la frontière restera fermée jusqu'à ce que les deux pays apurent la totalité des contentieux encore en suspens. Dans un entretien accordé à l'agence Reuter, le Président Bouteflika avait indiqué que l'ouverture des frontières avec le Maroc, interviendra «lorsque seront levés tous les obstacles qui l'empêchent actuellement».