Dans une sortie inattendue, le chef de la diplomatie espagnole a invité les deux pays à améliorer leurs rapports. Quel intérêt a l'Espagne à voir les rapports algéro-marocains s'améliorer? Dans le cas contraire, les intérêts espagnols sont-ils menacés au point d'offrir sa médiation pour une normalisation des relations entre le Maroc et l'Algérie afin d'asseoir «une entente» dans la région du Maghreb? Une proposition pour le moins étonnante et pleine de sous-entendus, à moins que Madrid veuille se déculpabiliser dans le conflit saharien. Sur un autre plan, l'Espagne espère en «améliorant» les rapports algéro-marocains, quoique aucun différend politique n'existe entre Alger et Rabat, faire réintégrer Alger à l'Union pour la Méditerranée, projet gelé depuis l'agression israélienne contre la bande de Ghaza puisque le projet de l'UPM a été évoqué lors de cette rencontre, selon M.Fassi Fihri. Le ministre a également souligné la détermination des deux pays à veiller, dans les mois à venir, «à finaliser l'ensemble des composantes du Secrétariat général de cette union, notamment son mandat et ses membres, pour que nous puissions travailler autour de projets concrets» avant d'ajouter, «nous sommes heureux que le siège de l'UPM soit installé à Barcelone, compte tenu du rayonnement méditerranéen de l'Espagne et de cette ville en particulier». Ainsi, Madrid se dit «prêt à oeuvrer pour encourager» la normalisation des relations entre Rabat et Alger, a assuré le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, à l'issue d'un entretien avec son homologue marocain, Taïb Fassi Fihri, à Tanger au cours d'une visite de trois jours au Maroc, qu'il a entamée vendredi et qui prendra fin aujourd'hui, Le chef de la diplomatie espagnole s'est exprimé sur ce sujet qui semble occuper au fil des jours une place prépondérante au sein de la classe dirigeante du Royaume alaouite. Miguel Angel Moratinos a émis l'espoir que les relations entre le Maroc et l'Algérie s'améliorent davantage. «L'Espagne encourage l'amélioration des rapports maroco-algériens, c'est dans l'intérêt des deux pays», a souligné le chef de la diplomatie espagnole. Cette offre de service intervient deux jours après le discours du roi du Maroc, Mohammed VI, qui a affirmé, «c'est une attitude injustifiée et contraire aux droits fondamentaux des deux peuples voisins et frères, notamment celui d'exercer leurs libertés individuelles et collectives en matière de circulation et d'échanges humains et économiques». En évoquant les relations entre l'Algérie et le Maroc lors du second jour de sa visite au Royaume alaouite, et en affirmant que son pays se tenait «prêt à oeuvrer pour encourager» la normalisation entre les deux capitales maghrébines, le chef de la diplomatie espagnole a occulté en fait la responsabilité de l'Espagne dans le conflit du Sahara occidental qui a livré avec armes et bagages en 1975, les territoires en question qui étaient sous sa domination, au Royaume marocain. «L'Espagne soutient pleinement la prochaine reprise en Autriche des négociations sur la question du Sahara, sous les auspices des Nations unies» a déclaré, laconiquement, samedi à Tanger, Angel Moratinos. Du côté marocain, on ne semble l'avoir entendu que sur la disposition de l'Espagne à oeuvrer à la normalisation entre Rabat et Alger.