Abdelouahab Ould Rabah est originaire des Ouacifs dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il est artiste, peintre et caricaturiste. Il a aussi d'autres activités à son actif dont il parle dans cet entretien. L'Expression: Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs? Abdelouahab Ould Rabah: Je suis originaire des Ouacifs, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Je suis père de deux adolescents, une fille et un garçon. Je suis artiste peintre et designer. Comment est née l'idée de réaliser le VCD «la clef des symboles berbères de la poterie de Maâtkas»? Le VCD est un simple support, un contenant, les oeuvres graphiques qu'il contient représentent par contre, la mémoire d'un patrimoine ancestral qui est en train de disparaître. Pour revenir à votre question, l'idée de transcrire et de transposer les symboles berbères utilisés dans la poterie en oeuvres graphiques m'est venue en découvrant la méconnaissance de certains potiers ou vendeurs de poteries des symboles et idéogrammes peints sur les objets. C'était le point de départ d'un travail de recherche sur la signification de ces symboles. Je tiens à remercier au passage le secrétaire général du Haut commissariat à l'amazighité (HCA), Youcef Merahi, Ouchelouche Djaffar et Karim, responsable de la bibliothèque pour l'aide apportée (documentation et ouvrages). Combien de temps a pris ce travail de recherche? Trois ans au total entre recherches et conception graphique. Quelles sont les méthodes que vous avez appliquées pour réaliser ce travail? En premier lieu, le travail de recherche ne se résume pas à connaître la signification d'un symbole. Il faut aussi vérifier, comparer les symboles et les ouvrages qui diffèrent d'un écrit à l'autre d'une part et le sens du symbole d'une région à l'autre, d'autre part. La conception graphique du symbole passe par plusieurs étapes, entre autres, la création de l'environnement ou du paysage virtuel, la construction du symbole, en forme de vestiges ou monuments et enfin la symbolique. Soixante-dix oeuvres graphiques, dont sept de création personnelle ou symboles contemporains, sont décodés à ce jour. Vous êtes aussi peintre, parlez-nous de cette vocation. Pour ce qui est de la peinture, ça remonte aux années 80. Je faisais partie d'une troupe théâtrale amateur appelée «Issoulas». Je peignais des fresques et je m'occupais des décors. C'est à partir de là que j'ai commencé à peindre. Cependant, l'idée de conserver toutes les toiles pour les exposer ne m'a pas effleuré et je doute fort que toutes les personnes à qui je les ai offertes, il y a des années, vont me les restituer aujourd'hui pour une exposition. Parlez-nous de votre travail de caricaturiste. La caricature de nos jours est dite «caricature de situation «car elle relève, en général d'une intention plus satirique qu'humoristique, contrairement aux siècles passés. Néanmoins, son but est resté le même, à savoir: produire un portrait- charge d'une situation ou d'un personnage. Chaque caricaturiste a son style propre. En ce qui me concerne, j'essaye d'améliorer le détail du dessin et le contenu de la bulle, il m'est arrivé de consacrer quatre heures entières pour une seule caricature. Des dessins que j'envoie régulièrement à un journal quotidien qui a un espace offert aux caricaturistes. Comment réalisez-vous vos caricatures? Je les fais en combinant le dessin réalisé à la main avec des logiciels appropriés en utilisant la souris ou bien le stylo électronique et la tablette graphique. Quels sont vos projets? Une exposition de mes oeuvres graphiques (les symboles berbères de la poterie de Maâtkas) en photos, après on verra... Un dernier mot? «Nous avons défriché le terrain, à présent, c'est aux autres de continuer», a dit Mouloud Mammeri. En recréant, dans un concept moderne, des symboles ancestraux, j'ai suivi cette recommandation tout en contribuant modestement à sauvegarder quelques fragments de notre identité et je dois l'avouer, le chemin est encore loin. Enfin, je remercie votre journal qui m'a permis de m'exprimer et de me présenter à vos lecteurs.