Projeté à maintes reprises en Algérie et dans le monde, le dernier long métrage de Nouri Bouzid, Making of, et le film de Kamal Kamal, La Symphonie marocaine ont été programmés, mercredi dernier à l'Oref. La Symphonie marocaine: un hymne à l'espoir. Hamid, un quadragénaire épris de musique se retrouve embarqué dans une guerre meurtrière au Liban en 1982. De retour au Maroc, il ambitionne avec son voisin, Kafi, un professeur de musique, de réaliser la symphonie marocaine. Ce rêve deviendra peu à peu celui de toute cette étrange communauté de marginaux vivant dans les vieux wagons ferroviaires en ferraille. Mustapha, le voleur, Habiba, la danseuse de boîte de nuit, Hassan le jeune handicapé frustré et même le journaliste... tous participeront à l'élaboration de ce projet. La tâche ne sera pas ardue puisqu'ils jouent tous en solistes d'un instrument de musique. Mais ils sont très peu nombreux pour constituer un orchestre philharmonique. Dès lors, ils font des annonces dans des journaux, sollicitent leurs connaissances pour rassembler cet orchestre et répéter cette symphonie avant l'arrivée du représentant du Royal Albert Hall of Arts and Sciences qui va les auditionner. L'enjeu est de taille: partir jouer cette symphonie au Royaume-Uni. Si pour Hamid il s'agit, avant tout, de s'exorciser et d'oublier les années de guerre passées au pays des Cèdres, pour les autres, ce projet à une toute autre signification. Pour Kafi, le vieux professeur de musique, abandonné par sa femme et ses enfants, la symphonie est la seule chose qu'il pourra laisser pour rester dans la mémoire des siens. Mustapha, lui, rêve de partir, fuir et voit en ce projet une opportunité pour améliorer sa situation. La Symphonie marocaine, réalisé en 2005 par Kamal Kamal est hymne à l'amour et à l'espoir. Jeune, dynamique et plein d'ambition, Bahta trouve dans la danse une sorte d'échappatoire à la dureté de la vie à Radès, une ville de la banlieue Sud de Tunis. Bahta, ou Chokri de son vrai nom, chante et danse avec ses copains dans les rues radésiennes pour exprimer aussi et surtout son indignation et sa révolte contre l'arbitraire et l'iniquité de la société dont il est issu. Embourbé dans de nombreux problèmes avec les autorités et même avec sa famille, il sera repéré par un groupuscule d'islamistes. Lui offrant le refuge et la protection, le groupe d'intégristes réussira facilement à endoctriner ce jeune de 25 ans complètement dé-sabusé. Nouri Bouzid élabore avec Making of une sorte de diatribe contre l'intégrisme islamiste qui gangrène les sociétés dites arabo-musulmanes. Intéressante mais pas du tout anodine était cette double lecture de la question de l'intégrisme et du terrorisme mise au point par ce metteur en scène-provocateur. En effet, faisant entrer le public par effraction dans les coulisses du film, Nouri Bouzid donne à découvrir une autre histoire parallèle à celle de Bahta... l'histoire de Lotfi Abdelli. «Je ne ferai rien si tu ne m'expliques pas ta position...là on est en train de jouer avec des symboles...», lancera le comédien à l'adresse du réalisateur. Les réticences de Lotfi quant à l'interprétation du personnage de Bahta (qui, d'un danseur se transformera subitement en fanatique), ont donné lieu à de nombreux débats et dialogues avec le metteur en scène. Tentant de lui expliquer les différentes raisons qui l'ont poussé à réaliser ce film, Nouri Bouzid tiendra à éclairer son point de vue concernant l'Islam en précisant: «Je ne suis pas anti-Islam mais anti-terreur...» Réalisé en 2006, ce film tunisien signé par Nouri Bouzid, a participé dans de nombreux festivals cinématographiques. Il faut préciser qu'il n'a jamais été programmé en salles en Algérie. Makig of a également reçu plusieurs distinctions, parmi lesquelles, le Prix de la meilleure interprétation masculine pour Lofti Abdelli et celui du meilleur montage au Fespaco (Festival panafricain de cinéma et de télévision de Ouagadougou, Burkina Faso, 24 février - 03 mars 2007), le Tanit d'or aux Journées cinématographiques de Carthage, JCC, (Tunisie, 11-17 novembre 2006) et le Prix de la meilleurs réalisation au Festival du film arabe d'Oran en 2007.