Retour sur cette fabuleuse Semaine du film turc à Alger et les perspectives d'avenir entre l'Algérie et la Turquie... L'Expression: Une deuxième édition en perspective? M. Suayip Yagomur: Bien sûr qu'il y aura une deuxième édition de la Semaine du film turc, l'an prochain. On pourra éventuellement se concentrer sur tous les films d'un seul réalisateur. Ce genre de choses, on peut le faire car ici on a choisi un large éventail pour une meilleure connaissance, d'abord, du cinéma turc. La prochaine fois, on pourra faire ça avec un meilleur timing, avec d'autres partenaires. Quelle évaluation faites-vous de cette semaine? Je suis satisfait. Nous avons eu un bon retour presse et médias. Concernant l'absence plus ou moins du public, c'est peut être que le public algérien n'a pas la tradition de sortir. C'est aux Algériens de me répondre et de l'expliquer pourquoi ils n'étaient pas là. Ne pensez-vous pas qu'il y ait amalgame entre feuilleton télé et cinéma, comme ce fut le cas lors de la réunion entre les professionnels de l'audiovisuel turcs et algériens, qui s'est tenue la semaine dernière, sachant que Baya Hachemi est à la base, une réalisatrice de feuilleton télé? Le réalisateur Çagan Irmak (auteur du touchant film Mon père et mon fils, Ndlr), est aussi quelqu'un qui a réalisé des feuilletons. A côté de lui, il y avait une productrice qui, elle, s'occupe de feuilleton, y compris des films de cinéma. Ils représentaient donc une large brochette de la situation cinématographique en Turquie. Le cinéma semblait tout de même un peu occulté face à la vitalité du feuilleton turc... Effectivement, quand on parle de la Semaine du film turc, la plupart des gens réagissent en se focalisant sur les feuilletons turcs. Ils nous ont reproché de ne pas avoir ramené Mohaned, etc. Nous avons tout de même ramené un très bon réalisateur. Nous n'avons pas occulté le côté cinéma. Bien au contraire, nous avons mis en avant le cinéma. Les feuilletons c'est un secteur. Mais ce qui est plus noble c'est le cinéma, bien sûr. On le considère comme le 7e art. C'est pourquoi on a souligné et mis l'accent sur l'importance du cinéma en Turquie, sachant que le public portait un grand intérêt envers le feuilleton turc. C'était une stratégie. Nous avons ramené quelqu'un qui pouvait aussi répondre aux questions du public algérien. C'étaient des questions secondaires. Mais on a avant tout, souligné le côté cinéma du réalisateur. Vous avez raison. La dernière fois nous avons pu débattre du financement des feuilletons turcs. Qu'en est-il des productions cinématographiques. Comment est-il financé le film et quel est l'apport de l'aide européenne Eurimages? C'est à peu près la même chose que le feuilleton. Il y a des clients des chaînes télé d'abord; chaque film s'il fait un bon guichet, peut s'autofinancer par la suite. Entre deux millions ou trois millions de personnes le voient, donc il peut financer ainsi son film avec cet argent. Eurimages c'est négligeable. C'est plutôt le marché qui finance les films. Il y a déjà l'autofinancement. Un réalisateur qui a un projet, soit il contacte une boîte de production qui a des financements ou une boîte de communication et après le retour vient automatiquement, car le public s'intéresse à la production turque. Chaque semaine, il y a des millions d'individus qui fréquentent les salles de cinéma. Les films, on peut par la suite les vendre aux chaînes télé. La Turquie est la capitale de la culture européenne en France cette année... C'est la saison turque actuellement en France dans le cadre duquel il y a eu différentes manifestations, y compris des projections de films turcs. Des événements qui durent pendant une année. En plus de cela, Istambul est présentée comme la capitale européenne de la culture 2010.Il y a aussi de nombreux événements qui se tiennent en Turquie. Enfin qu'en est-il des projets de coproduction entre l'Algérie et la Turquie dans le cadre du 7e art? Nous avons réuni des professionnels de l'audiovisuel côté algérien et turc. Ils ont échangé leurs coordonnées, parlé de leurs projets. Nous avons ramené un réalisateur et une productrice turcs qui ont été en contact avec des réalisateurs et des comédiens algériens. Je pense qu'ils se sont fait une bonne opinion concernant le marché algérien et ils ont donné la leur aux Algériens s'agissant du marché turc. Ce genre de choses vient avec le dialogue. Il faut accroître les échanges. Le résultat viendra automatiquement. Mais pour l'instant, il n y a pas de projets concrets.