La direction de la Sntf n'a pas engagé de négociations sérieuses avec les syndicalistes. Les citoyens empruntant le transport ferroviaire ont poussé un ouf de soulagement après avoir constaté la reprise du trafic suite à la grève des cheminots d'avant-hier. «Les multiples pressions de la direction de la Sntf et la perspective d'un pourrissement inévitable à l'approche de la saison estivale nous ont contraints à surseoir au débrayage», témoignent les mécaniciens. Surpris mais soulagés par la présence de trains sur les quais, les citoyens qui se relèvent à peine de la grève d'avant-hier, ont assailli les agents de service des différentes gares. Ils n'ont cessé de poser des questions sur la décision de suspension de la grève. Les citoyens qui se rendaient aux différentes gares ferroviaires n'ont pas caché leur joie de pouvoir se déplacer à nouveau sans encombre. En effet, plus de 700 mécaniciens et leurs assistants des services de mouvement des conducteurs de locomotive ont observé une journée de débrayage. Ils dépendent de la région d'Alger qui englobe également les grandes lignes vers M'sila, Bordj Bou Arréridj et Chlef. «On n'a pas dit notre dernier mot. La grève sans préavis peut reprendre à n'importe quel moment», menacent les syndicalistes. «Le débrayage est d'autant plus inévitable que la direction fait la sourde oreille», fulminent-ils. La dernière grève a eu lieu sans préavis. Auparavant, la plate-forme de revendications des cheminots était accompagnée d'un ultimatum de 15 jours à l'issue duquel a eu lieu la grève qui était largement suivie. Le taux d'adhésion au mot d'ordre de débrayage, comme avancé par les syndicalistes, est presque de l'ordre de 100%. En conséquence, le trafic ferroviaire fut interrompu durant la journée d'avant-hier. A peine six départs sur 120 habituels ont eu lieu, a fait savoir le secrétaire général de la section syndicale des mécaniciens. Information d'ailleurs relayée par les agents de gares rencontrés sur les lieux de travail. Les négociations engagées avant-hier, suite au débrayage, ont finalement tourné court. Les contestataires déplorent l'absence à la séance de négociations du représentant de la Fédération syndicale des cheminots affiliée à la Centrale syndicale Ugta et surtout celle du directeur des ressources humaines, seul habilité à prendre des décisions au nom de la direction générale de la Sntf. En lieu et place du DRH, la Sntf a dépêché le directeur régional sans aucune prérogative, regrettent les protestataires. Ce responsable a donné des instructions strictes aux agents de sécurité d'empêcher les journalistes d'accéder à l'intérieur des locaux du dépôt d'Alger ainsi qu'au bureau du syndicat. Des scènes de chasse aux journalistes ont eu lieu depuis avant-hier. Il est strictement interdit d'accéder au dit bureau sans l'autorisation de la direction générale, indique-t-on. La plate-forme de revendication des mécaniciens est axée sur dix points. La révision du plan de carrière institué par la nouvelle grille des salaires est demandée avec l'attribution de la prime de risque, ainsi que la révision de la formule de la prime kilométrique inchangée depuis 1980 et l'augmentation des salaires décidée par la dernière tripartite. Telles sont les principales revendications des contestataires. En outre, la pratique de la ségrégation par la direction de la Sntf et le gonflement des heures de travail sont des faits dénoncés par les syndicalistes.