La fuite des cerveaux est une réalité qui tend à prendre des proportions alarmantes. «Le nombre de médecins arabes travaillant dans des hôpitaux français a atteint plus de 7000 dont 1700 spécialistes dans divers domaines», a affirmé Laroussi Tayeb de l'Institut du monde arabe de Paris, lors de son intervention au colloque international sur «l'Islam et les sciences rationnelles, entre passé et présent». Et de souligner la nécessaire prise en charge de l'élite, en moyens matériels et humains, pour stopper la fuite des cerveaux. Cette déclaration se veut un argumentaire pour confirmer, si besoin, l'apport de la civilisation arabo-musulmane à la renaissance et au développement de l'Europe. Cet aspect a fait l'objet de diverses communications au colloque international sur «l'Islam et les sciences rationnelles, entre passé et présent». Les intervenants, lors de ce colloque qui a débuté lundi à Alger, ont souligné la nécessaire conservation de l'héritage scientifique de la civilisation arabo-musulmane. Ils ont précisé que cette tâche peut s'accomplir à travers la valorisation des principes et oeuvres des prédécesseurs dans les différentes sciences (mathématique, astronomie, chimie, physique et médecine). Cette démarche devra, selon eux, «corriger l'image erronée répercutée par certains orientalistes» vis-à-vis de la civilisation arabo-musulmane en niant son apport dans la renaissance scientifique en Europe à partir du XIIe siècle. Beaucoup de chercheurs et intellectuels occidentaux, a indiqué Ahmed Djebbar, chercheur en histoire des mathématiques arabes à l'université des sciences technologiques de Lille (France), reconnaissent s'être inspirés de savants musulmans à l'instar d'Ibn Rochd, Ibn Sina...Les Occidentaux sont venus chercher eux-mêmes cette inspiration à son berceau dans les pôles scientifiques et culturels comme Fès, Béjaïa ou Tolède. De son côté, Tahar Ibrahimi de l'Institut de sociologie de l'université de Biskra, a souligné l'importance de telles rencontres pour mettre en valeur «la relation entre l'Islam et la raison» en favorisant «la coexistence des civilisations qui est de nature à servir l'humanité tout entière, d'autant plus que la vie humaine est basée sur l'entraide et l'échange». Concernant les attaques occidentales contre l'Islam, Tayeb Laroussi a cité un ouvrage écrit par l'orientaliste Sylvain Gouguenheim, enseignant à Lyon (France), qui nie catégoriquement tout apport arabo-musulman dans la civilisation européenne. Cette négation a suscité une «vive critique» de la part d'enseignants occidentaux qui ont signé une pétition contre lui.