Il était tel que tous ses fans le voulaient. Disponible, attachant et surtout fragile. C'est le propre de l'artiste. Lui c'est Farid Ferragui. Une idole au rendez-vous avec ses fans, son public qu'il aimait appeler l'ami. Un ami de longue date avec lequel il a eu à se séparer pour revenir avec une chanson intitulée Theramiyid (vous m'avez ramené), rappelé vers presque tous, à l'amour, la vie, l'espoir, le bonheur, la joie. Fidèle à lui-même, Farid s'est astreint à la volonté de son ami, le public. Un répertoire à la demande. C'est rare! Si rare que le public en a abusé. Qu'à cela ne tienne, l'idole a su répondre dans un enthousiasme et un émoi que l'on voit rarement de nos jours. A Béjaïa, Farid a donné un spectacle que personne n'a osé faire. Deux heures de chant et deux heures de discussion, prise de photos souvenir avec ses fans. Il était le roi. Un roi qui rappelle à travers chacune de ses chansons un histoire que chacun et chacune des présents aura vécu et sans doute de milliers d'autres. Quel fan de la chanson kabyle n'a pas été envoûté par la voix de Farid Ferragui, une voix caressante à souhait, épousant les notes de son grand compagnon qu'est le luth, son instrument fétiche. Avec son rythme, si propre à lui, il a fait rêver, pleurer, rappeler et revivre pour tout un chacun un moment, une douleur, une joie. N'est-ce pas le propre de l'artiste, le vrai celui pour qui on ne lésine sur rien. «Je viens voir un ami pas un public», a-t-il dit dès la fin de la première chanson. Et avec un ami, on ne refuse rien. Aussi, l'artiste s'est montré si disponible pour aller dans la satisfaction de ces centaines de voix qui s'élèvent pour demander qui Takhatamt (la bague) qui Thin diyimaahnan (celle qui m'a fait souffrir). Bref, tout un répertoire que le sentimental qu'est Frarid, interprètera avec brio au grand plaisir de ses milliers de fans venus de si loin pour écouter le rossignol, qu'il est devenu grâce au cachet particulier d'une identité vocale et instrumentale. Dès les premières notes de la chanson demandée, un calme olympien prend place comme si la chanson était celle de tous. En harmonie majestueuse, les notes du luth se joignent à sa voix pour toucher si profondément les auditeurs et les guider vers les moments féeriques de l'amour, la fraternité, la liberté. «Je chante mes chansons car je les ai vécues», aimait-il nous dire. Et Farid en a vécu des amours. L'amour domine dans ses textes pour la simple raison que sans amour l'humanité n'existerait pas. Lors de ses deux sorties à Béjaïa, Farid Ferragui n'est pas resté avare. Il aura satisfait son public de fond en comble. La preuve en est dans cette série de photos souvenir, d'échanges avec ses fans, qui durera deux bonnes heures. Inlassable, il s'est prêté à tous presque à tout, sans rechigner. Normal! Il rencontrait son ami; celui qui l'a accompagné depuis plus de trente ans. Des années de don, de générosité, d'amour, de fraternité et de combat. Hier, samedi, rebelote. Ceux qui n'ont pas pu le voir la veille, sont là. D'autres sont revenus pour la deuxième fois. Avec Farid cela vaut le coup. Et c'est toujours comme ça: salle pleine à craquer, un public connaisseur et la suite se devine. Une merveille comme on en demandera toujours. Farid Ferragui a clos son passage à Béjaïa. Son public, dont ceux qui ont l'âge de ses premières chansons, s'est quelque peu rajeuni. Oui, la nouvelle génération l'a découvert avec des ovations nourries. Avec Rachid Merzouk, l'animateur, qui s'est chargé admirablement d'animer les galas de son fan, et le concours d'autres fans comme Ahcène Moudache qui s'est arrangé pour que le spectacle se tienne, Farid Ferragui a su subjuguer un public sans âge. Il n'en a pas du reste.