Son département n'a pas été approché par Zerhouni avant l'interdiction du foulard pour le passeport biométrique. «Les lois de la République doivent être appliquées, y compris aux femmes voilées. Celles qui refusent d'enlever le foulard n'auront pas de passeport biométrique.» Intransigeant, le ministre des Affaires religieuses Bouabdallah Ghlamallah a vidé l'instruction de Zerhouni de sa substance religieuse et coupé court aux polémiques soulevées par les partis dits islamistes en Algérie. En fait, il a refusé de lancer une fetwa sur le sujet, laissant à chacune des femmes concernées la liberté d'opter pour la solution qui l'arrange le mieux. «Je n'ai pas à me prononcer sur une mesure prise par une institution de l'Etat», a-t-il lancé à la presse en marge d'une rencontre sur la formation des imams, organisée à Dar El Imam, à Alger. Il ajoutera qu'aucune partie n'a sollicité son avis avant d'annoncer cette mesure. Mais le ministre ne donnait pas l'impression d'être gêné par cette mesure. Une position que ne manqueront pas de soulever les critiques des formations islamistes ayant fustigé la démarche du ministère de l'Intérieur. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), par le biais de son président, a appelé à la nécessité de «respecter la religion musulmane, l'appel du 1er Novembre et la Constitution qui stipule clairement que l'Islam est religion de l'Etat (...)». Dans un communiqué rendu public mercredi dernier, il s'est dit étonné par les déclarations «de certains responsables au sujet de la nécessité d'enlever le voile et de se raser la barbe pour se faire délivrer le passeport et la carte d'identité biométriques». Samedi, c'était au tour d'El Islah de se démarquer de cette démarche en qualifiant cette mesure «anticonstitutionnelle» et appelant à son abrogation. Pourtant, le ministre de l'Intérieur et des Collectivité locales fut très précis sur ce dossier. Il avait clairement expliqué que le but des autorités n'est pas d'interdire le port du hidjab, loin s'en faut: «Nous sommes un pays musulman, mais il sera demandé à toute dame portant le voile d'accepter de se faire photographier sans son voile afin que la photo soit prise selon les normes», a-t-il précisé lors de ses récentes rencontres entrant dans ce cadre. Il rappelle que la nouvelle procédure de demande de carte nationale d'identité biométrique électronique (Cnibe) ou de passeport biométrique électronique (PBE) exige que la pointe du crâne, le menton ainsi que les oreilles doivent être bien visibles sur la photo. Pour cela, le ministre de l'Intérieur a souligné qu'au niveau de chaque daïra, une opératrice sera désignée afin de photographier les femmes portant le voile. Par ailleurs, Ghlamallah n'a pas souhaité revenir à une autre polémique, celle relative à l'abrogation de la peine de mort. Interrogé par la presse sur les attaques verbales échangées entre le président du Haut Conseil islamique et la porte-parole du PT, Mme Louisa Hanoune, il invitera tout le monde à respecter les opinions des autres sans les juger. Dans un autre chapitre, le ministre s'est attaqué à l'extrémisme islamiste auquel cas il appellera les imams algériens, à puiser dans l'histoire et la richesse culturelle algérienne et à prendre leurs distances quant aux doctrines intégristes importées qui nous ont menés vers le chaos durant les dernières années. De plus, le ministre n'a pas caché son souhait de former des imams selon «des normes algériennes». Enfin, et concernant la Grande Mosquée d'Alger, le ministre a souligné le fait que 24 entreprises dont trois algériennes ont manifesté leur intérêt pour le projet. Le choix des entreprises qui prendront part à la construction de cette mosquée se fera à partir de critères «rigoureux» au vu de l'importance du projet, a-t-il indiqué. Confiée à un bureau d'études allemand et supervisée par des architectes canadiens, l'étude technique de ce futur lieu du culte qui pourra accueillir 120.000 fidèles, est «entièrement achevée». Selon Ghlamallah, le budget alloué à la réalisation de la Grande Mosquée d'Alger «demeure raisonnable» et cela suite à «une longue procédure de concertation à laquelle ont pris part des parlementaires».