L'habitation précaire «n'est pas un passeport pour obtenir un logement», assure Noureddine Moussa, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme. Séparer le bon grain de l'ivraie. Ce principe trouve toute sa pertinence quand il s'agit du logement social. La messe est dite. L'habitation précaire «n'est pas un passeport pour obtenir un logement», a affirmé, jeudi, Noureddine Moussa, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, dans un point de presse animé au siège de la wilaya de Jijel, en marge d'une cérémonie de distribution de logements. Cette déclaration traduit une nouvelle orientation dans la politique de l'habitat. Il s'agit de mettre sous le carreau les «indus demandeurs». En effet, ces derniers redoublent d'ingéniosité pour mettre l'Etat devant le fait accompli. Squatter les appartements nouvellement construits, occuper des baraquements, telles sont les recettes pour contourner la loi et se permettre un toit. Désormais, la distribution du logement social est soumise à un contrôle rigoureux. «Il existe aujourd'hui un fichier national qui permet de mieux maîtriser la situation au niveau du secteur névralgique de l'habitat social, et de débusquer les indus demandeurs», a averti le ministre. Cela dit, il a réaffirmé que l'Etat maintient plus que jamais son soutien en matière d'accès au logement. Pour preuve, il a cité les nouvelles mesures liées au crédit immobilier à taux bonifié. «Ces mesures ouvrent le champ à davantage de candidats», a assuré M.Moussa. Ainsi, le ministère mise sur une répartition équitable du logement social. Cependant, cet arsenal suffira-t-il pour endiguer les bidonvilles, foyers de tensions sociales qui se manifestent souvent par l'émeute? C'est un secret de polichinelle, la prolifération de ces habitations illicites encourage la propagation de transactions illégales. A Alger, un bidonville est cédé à 700.000 DA. Pour des centaines de familles, ce moyen est un raccourci vers le logement locatif à caractère social. Cette perception est amplifiée par la surmédiatisation des opérations d'évacuation des bidonvilles. Lesquelles évacuations se terminent par le relogement des familles concernées. Le petit écran montre, ainsi, des citoyens sortant de l'enfer des gourbis pour entrer au paradis des nouveaux logements. La mise en scène aidant, le citoyen acquiert l'intime conviction d'obtenir, plus facilement, un appartement en passant par la «baraque». Et cela n'est pas totalement faux. Une bonne partie de ces habitants est absorbée par ce moyen illégal. A telle enseigne qu'un couple de cadres moyens louant un logement dans le respect de la légalité pourrait éprouver les pires difficultés à bénéficier d'un logement. A ce titre, les exemples sont légion. A cela s'ajoute la problématique du vieux bâti. Pour sa réhabilitation, «des opérations d'envergure ont été lancées», a indiqué Noureddine Moussa. Ce dernier a déclaré que ces opérations concernent, actuellement, Alger, Oran, Constantine et Annaba. Selon le ministre, ces travaux suivent une méthodologie claire. Un diagnostic de la situation permet d'établir une carte SIG (Système d'information géographique). Cette carte aide à répertorier les édifices. Dans la seule ville d'Alger, cette opération a permis de répertorier 17.000 bâtisses abritant plus de 80.000 habitants. Par ces chiffres, le ministre a souligné l'importance des travaux menés jusque-là. Par ailleurs, le ministre s'est exprimé sur la loi du 20 juillet 2008 fixant les règles de mise en conformité des constructions et leur achèvement. L'aspect technique de ce texte ne constitue pas un handicap pour son applicabilité, a indiqué M.Moussa. «D'autant qu'il s'agit d'une loi de régulation et non de sanction», a précisé le ministre de l'Habitat. Cette batterie de mesures est mise en place pour permettre d'atteindre les objectifs du plan quinquennal en matière de logement.